par F. Laloge
Ndlr : L'auteur s'est inspiré des écrits de Sédir ; vous en trouverez les traces dans différents ouvrages. F. L. l'a écrit plusieurs années avant sa mort survenue le 13 décembre 1995. C'est un hommage que nous voulons rendre à cet Esprit qu'il a toujours transmis à ceux qui ont cheminé avec lui.
Je vais essayer de vous dire ce que je pense, ce que j’aime, de vous donner de ce brûlant sujet une vue d’ensemble ; à chacun de vous d’en faire des applications personnelles. Les Amitiés Spirituelles sont bien sûr, conformément à la loi, une association chrétienne libre et charitable ; mais en fait, bien plus que cela, elles sont surtout une grande famille, un point de rencontre de femmes et d’hommes ayant une certaine compréhension du christianisme.
Pour nous le christianisme commence devant un tombeau vide.
Je m’explique. La crucifixion, la condamnation du Christ restent des phénomènes humains, de société (1) ; bien sûr les individus ont participé à ce drame combien navrant, mais ce sont les institutions, le pouvoir politique et le pouvoir religieux, ces éternels complices, qui ont condamné le Christ à une mort infamante, au nom du peuple comme le veut la formule consacrée ; car le Christ n’est pas venu pour sauver telle ou telle forme de la société mais pour donner à chaque être quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion, le moyen de se régénérer en lui apprenant à transcender les vertus stoïciennes, à les assumer dans la Lumière Divine. Et c’est en fait la Résurrection qui vient apporter cette étincelle sublime, un complément de forces nouvelles, afin que le plan providentiel puisse prédominer. À cette heure l’incarnation du Verbe est consommée et commence alors le vrai sacrifice du Dieu homme. Jésus devient Emmanuel l’Illuminateur ainsi qu’Il a dit lui-même : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin ». Qui dit résurrection dit Vie. Le Christ est Vivant. La médaille qui par l’usage est devenue le signe en notre siècle des membres des Amitiés Spirituelles, (« ces groupes francs du Christianisme », ainsi les nommait dans un de ses articles le journaliste R. Caborgne en 1948), cette médaille porte sur le recto, l’émouvant visage du Christ et au verso l’inscription en caractère hébraïque que l’on traduit ainsi : « Jésus le Messie règne, Il vint pacifique et devenu la Lumière des hommes, Il est vivant ».
Cette vie du Christ dans la vie humaine prend plusieurs aspects.
La 1ère forme de cette présence est un « contact » universel, en esprit, que nous ne pouvons pas percevoir.
La 2ème ; pour les fidèles d’une religion la plus compréhensible (par la foi), c’est dans l’Eucharistie : c’est la Présence sacramentelle.
La 3ème ; par exception le Christ apparaît aux Saints dans leurs extases, aux contemplatifs.
La 4ème ; il y a aussi une sorte de Présence par procuration ; quand le besoin s’en fait sentir quelque part un messager est envoyé qui se comporte comme le Christ le ferait, parce qu’il est la volonté du Christ rendue formelle.
La 5ème ; il y a une présence par représentation ; quand il est rendu nécessaire un contact plus intense de la Lumière avec la Matière il lui est présenté un Ami sur lequel la Lumière du Christ est répandue, qui l’obombre ; celui-ci parle comme le Christ l’eut fait.
La 6ème ; il ne peut pas ne pas exister une Présence en chair et en os, alors le Christ vient ; mais Il se donne la peine de venir afin que nous L’entendions dans l’état de veille, avec notre sens critique de l’état de veille et notre sensibilité consciente.
Et enfin la 7ème, une Présence universelle et dans la Gloire (le jour du dernier Jugement) celle dont nous entretient l’Apocalypse.
Ainsi le Christ apparaît selon les besoins des hommes et du Monde et selon l’humilité de ceux qui Le reçoivent. Oui, depuis 20 siècles, Celui dont l’Âme revêtue de toutes les gloires célestes siège maintenant à la droite du Père, vit en Corps et en Esprit avec nous jusqu’à la fin. Il foule à nos côtés les pavés de l’Enfer et, Lumière dans l’ombre, disons plutôt dans la pénombre qui précède l’Aurore, Il nous apporte toutes les aides, toutes les consolations, toutes les joies qu’Il distribue généreusement à tous ceux qui tournent vers Lui leurs regards, leurs pauvres regards fatigués, souillés, implorants.
Cependant Lui n’agit pas par pitié, mais par Amour.
Et nous Le rencontrons ; chacun de nous Le rencontre sur cette route douloureuse et chacun de nous bénéficie plus ou moins discrètement de chacune de ces rencontres, incomplètes parce que nos yeux ne voient point, parce que nos oreilles n’entendent point. À peine, et pas toujours, nous percevons nos cœurs battre plus vite, notre sang s’échauffer, circuler plus rapidement dans notre organisme.
Mais l’une de certaines rencontres souvent banales, à première vue, décevante sur le moment, dégage lentement quelque chose de tellement particulier qu’après des mois, des années mêmes elle s’impose en une valeur fixe cette fois. Au temps vient s’ajouter nécessairement la maturation intérieure prévalant de tout et laissant une certaine paix pouvant persister malgré les épreuves.
Quelque fois aussi s’installe en nous une sérénité, une joie, une certitude admirable dont le plein effet se fait très bien sentir, tel l’éclat aveuglant d’un flash, mais qui a définitivement pris place dans les plus secrètes cavernes de notre cœur, de notre pauvre cœur que nous malmenons et que nous faisons souffrir, que nous conduisons à hue et à dia vers des lieux où il ne voudrait pas aller. Car sachons le, si nous avons un cœur de Ténèbre, nous avons aussi un cœur de Lumière, gemme resplendissante qui ne connaît, ne réverbère et ne laisse pénétrer que la Lumière d’en Haut, que la chaleur du Royaume, que le mouvement du Père.
Ces seuls éléments là sont reçus et perdurent dans le cœur des hommes et de là rayonnent pour peu que nous le désirions sur tous nos frères inférieurs, animaux, végétaux, minéraux qui nous suivent ainsi sur la Voie sans solution de continuité qui est la Voie de l’Évolution, la vraie Queste du Graal (2).
C'est la réelle, la grande, pourquoi ne pas le dire, la seule union des cœurs qui forme ce que nous appelons l’église de Melchissédec, l’Église Intérieure dont les membres dispersés, inconnus, méconnus, invisibles, se vouent, sous la direction vigilante de notre Seul Maître Jésus, et avec l’appui de son bien aimé disciple Jean le Boanerges, au grand service de l’humanité, à la constitution de la Nouvelle Jérusalem – cette ville merveilleuse, resplendissante d’harmonie, de Joie parfaite, que nous verrons descendre sur terre en un point bien précis. Havre de Grâce qui nous est réservé, qui sera la base de départ vers d’autres horizons, vers d’autres arcs en ciel, vers d’autres demeures.
Ainsi l’a dit Jésus : « Les demeures sont nombreuses dans la Maison de mon Père ».
Oui nous croyons le savoir de science certaine, résultat d’expériences vécues par nos aînés, le Christ vit parmi nous, mais vraiment incognito. Aucune vaine curiosité, même et surtout celle de la haine, ne pourra percer son anonymat. Étant le Maître de la Vie et le Maître de la Mort, Il peut absolument et instantanément faire ce qu’Il veut.
Pour devenir les dépositaires de ce secret que nous ne faisons qu’entrevoir il nous faut sortir du domaine de l’Esprit de ce Monde et du domaine bien plus enchanteur encore du Prince de ce Monde. Donner les trois preuves de notre foi que Jésus lui-même nous indique :
« celui qui aime son père et sa mère plus que moi ne peut pas être mon disciple »,
« vends tout ce que tu possèdes et suis moi »,
« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie ».
À chacun de nous est confiée une tâche en rapport avec nos capacités.
Si tous nous avions fait seulement notre possible, si ayant reçu un rayon du Christ nous avions voulu ne vivre qu’à cette lumière, tout serait consommé, la création aurait atteint son but et alors oui, Dieu serait tout en tous.
Il faut revenir à la religion du devoir quotidien.
Il y aura quelque chose de changé dans l’Univers lorsque chacun des instants imperceptibles dont la succession compose une vie sera rempli du devoir d'aimer le Père et de Le servir, donc d’aimer notre prochain ; ainsi nous amorcerons la réelle modification de notre être qui ne peut survenir vraiment qu’après sa prise de conscience du relatif de l’objectivité, simple apparence fugitive, donc inverse du RÉEL de la SUBSTANCE de la VIE.
Jésus nous apprend à vivre selon l’Esprit du Père, c’est-à-dire en utilisant le moyen du passage par la matière pour retrouver le chemin du réel, la Vie, qui n’est qu’en Lui car en la Réalité Éternelle. Et pour cela nous le savons bien, il nous faut déjà, dès cette terre, pénétrer dans le domaine où tout existe, tout est possible, tout est harmonie. Celui que nous appelons l’Adversaire exploite à fond l’illusion d’une apparence pour faire croire qu’elle est la RÉALITÉ de la Création. Cela est son rôle.
À nous de nous séparer de la duperie du mensonge et ainsi rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qu’Il attend de nous, alors, LIBRES nous pourrons entrer et sortir d’un domaine pour pénétrer dans l’autre et vice versa. C’est ainsi que nous pouvons concevoir l’action de tous les serviteurs du Seigneur, connus et inconnus.
Ils sont des êtres Libres et qui dit libres dit libérés des charges de la matière donc recevant des substances d’en Haut, mieux que nourri.
Le Christ nous le dit « ma nourriture est de faire la VOLONTÉ de mon PÈRE ».
En conclusion il nous faut veiller et prier, ainsi nous recevrons l’aide de l’Esprit. Toute bonne volonté peut ainsi trouver des joies profondes. La Providence se fait présente, intervenant jusqu’à nous faire personnellement penser que nous réalisons quelque chose ; c’est ce peu, ce tout petit peu qui nous est demandé et qu’il nous coûte tant de donner.
Un de mes vieux amis m’écrivait il y a quelque temps : « Jésus est là, à la porte de notre cœur et nous n’avons plus qu’un geste à faire pour l’ouvrir. Qu’est-ce qui nous retient de le faire ce geste tout simple qu’Il attend ? Il est là tout près et nous appelle. Qui donc nous maintient dans notre surdité sinon nous-mêmes ? »
Écoutons sa voix telle que Jean nous la fait entendre. « Je me tiens à la porte et Je frappe. Si quelqu’un entend mon appel et m’ouvre sa porte, J’entrerai chez lui et Je mangerai avec lui et lui avec Moi (Apocalypse III-20) ». Pouvons-nous rêver plus merveilleux bonheur ? Essayons de le mériter par notre travail.
Par la Foi et l’Adoration vivons dans la certitude de Sa Présence constante.
(1) En effet je qualifie la condamnation et la crucifixion du Christ de phénomène de société, car en l’occurrence le rôle des individus qui participent à cet événement échappe à leur contrôle. Voici un être dont le comportement irréprochable, dont l’enseignement met en danger le pouvoir, l’autorité des dirigeants ou tout au moins c’est ainsi que ces derniers interprètent ses actes et ses paroles, alors comme toujours par des colportages de paroles insidieuses on attise parmi le peuple la jalousie, la peur, tous les courants négatifs afin de renforcer l’autorité et emmener ce peuple à considérer comme justes le procès fait à cet individu ainsi que la condamnation qui s’en suivra jusqu’à prendre même la responsabilité du verdict.
(2) Maxime soufie : dans le minéral Dieu dort, dans la plante Dieu commence à rêver, dans l’animal Il rêve, dans l’homme Dieu se réveille. Ainsi depuis le minéral jusqu’à l’Homme, l’évolution de la vie est un développement de la conscience de Dieu à l’état éveillé (conscience réfléchie) ; l’Évolution de toute la Création est donc UNE évolution.
Merci pour ce bel article. Son rédacteur semble avoir touché quelque chose d'essentiel et je me permettrai ici de m'ajouter à son témoignage. En effet, après de nombreuses années à parcourir l'Europe, après avoir pratiqué toutes sortes de rites tant religieux que spirituels, par un beau soir d'hiver, j'ai vécu une rencontre qui a illuminé ma vie entière : celle du passé, celle du présent et celle de l'avenir d'ici ou de l'au-delà pour bientôt. L'Eternel seul connaît mon heure et mon lieu.
J'étais dans mon bureau a réglé les dernières affaires d'une journée harassante, en écoutant un léger volume de Igor Stravinsky, tout en fumant mes gauloises bleues que j'apprécie ranger dans un boitier en bois qu'un de mes amis lama tibétain me fabriqua dans un bois de santal ce qui parfume légèrement par contact le tabac et le papier. Mes cigarettes prennent alors un goût rare et bénie. je classais les papiers et les factures quand soudain je posais mon regard sur une icône qu'un autre ami moine orthodoxe me peignit lors de notre jeunesse. Un christ pantocrator de petite taille mais d'une lumière ravissante. Tout en fumant, je rendis grâce en contemplant cette image sainte mais sans faire une prière particulière et encore moins une pensée précise. J'étais dans une harmonie avec le Tout.
Un léger souffle se fit dans le bureau, avec ce poids d'une paix indescriptible. Les volutes de fumée bougèrent et dansèrent sous l'action de ce souffle et des larmes sans but et sans fin coulèrent d'un coup. je pleurais sans raison, d'une joie inexprimable... pendant plus de 15 minutes à ne plus savoir comment éponger mes larmes. Cela coulait sur les factures, mes prises de note etc.... Une forme de lumière sans en être une, un rayon venant de nulle part me remplit de bonheur et mon coeur faillit à la fois éclater de joie comme devenir éternel d'éternité. je sus que c'était Lui. Ma vie ne fut plus jamais comme avant.
Mes pensées depuis cette soirée agissent et je me dois d 'être le plus humble possible, le plus courtois possible dans mes coups de gueule qui ne sont toujours que pour transmettre la plus grande lumière.
Cet auteur a-t-il écrit autre chose de conséquent ? J'en serais très heureux de pouvoir les lire. On ressent une expérience identique entre nous !
bien cordialement
Rédigé par : charles V. | 12 octobre 2012 à 10:57