Le docteur Servais (1), médecin homéopathe uniciste, exerce à Paris et fait partie d’un ensemble de médecins qui, parallèlement à leurs consultations, ont une activité de recherche sur la matière médicale. Leur approche est une vision contemporaine et moderne de l’homéopathie qui tient compte de l’évolution de la société et des comportements modernes des individus, réactualisant les répertoires homéopathiques traditionnels en vigueur depuis deux siècles. Cette pratique dépasse le cadre de la médecine et rejoint un moyen de connaissance des individus et surtout une possibilité de guérison pour de nombreux cas désespérés où la médecine classique n’a pas donné de réponse satisfaisante. À la lecture de cet ouvrage passionnant, il paraît évident que cette approche originale de soigner les personnes sort du cadre purement médical pour entrer dans un champ d’action très humaniste. Il donne à l’individu un moyen puissant de connaissance de soi qui permet de l’éclairer sur son chemin de vie.
Le remède homéopathique est fait à partir d’un produit issu d’un des trois règnes : minéral, végétal ou animal. Par le biais d’un processus de dynamisation qui est l’essence même de l’homéopathie (2), le produit, toxique au départ révèle son potentiel curatif. Ainsi par exemple, l’arsenic, connu pour ses empoisonnements se transforme au fil des dynamisations et dilutions successives en un remède Arsenicum album qui soigne précisément les symptômes en analogie avec les signes de l’empoisonnement provoqué par l’arsenic.
Ce procédé génial mis au point par Samuel Hahnemann (1755-1843) peut être défini comme une médecine de l’information : son principe est la loi de similitude entre une substance quelconque et les symptômes d’un individu. Elle fait écho à la théorie des signatures (médecine de l’analogie) dont une origine se trouve en Grèce antique et certainement dans d’autres cultures. Elle est mentionnée à l’époque romaine par Pline l’Ancien (23-79). On la retrouve amplement développée chez Paracelse (1493-1541). Ce dernier écrit : « Tout ce que la nature crée, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher ». Ainsi le grain de café dont la vertu est une stimulation psychique et physique présente par sa forme une analogie avec les lobes du cerveau. La tige de prêle qui est efficace pour le mal de dos évoque l’allure de la colonne vertébrale. La chélidoine pour sa part évoque la bile avec son suc jaune. Les exemples sont innombrables et dépassent le cadre de notre article. Nous retiendrons comme fondement principal de l’homéopathie cette analogie entre l’individu et une substance, montrant ainsi ce lien invisible qui relie l’homme aux trois règnes de la nature. Ainsi des hommes inspirés comme Paracelse ou Hahnemann, soucieux d’aider leur prochain ont su « lire » les signes subtils qui relient l’homme à la création.
L’unicisme que pratique le docteur Servais part du principe qu’il existe une substance, le simillimum, qui réalise le plus haut niveau de similitude avec la globalité psychique et physique d’un individu.
Cette recherche du simillimum représente la voie étroite de la médecine homéopathique qui souffre de la déviance allopathique où l’on pense que tel symptôme correspond à tel remède. Au contraire, le praticien uniciste donne vraiment de lui-même par son écoute et son temps passé à la recherche du remède qui correspond le plus à l’individu.
L’ouvrage du docteur Servais nous raconte sous la forme de quarante « homéoportraits » les similitudes étonnantes entre l’homme et les substances tirées des trois règnes de la nature, substances transformées en principes guérisseurs par l’alchimie de la dynamisation. Le progrès accompli depuis une vingtaine d’années par différents groupes de chercheurs a permis de comprendre la dynamique générale de chaque remède au lieu de se cantonner à une somme de symptômes dans laquelle il est facile de se perdre : au contraire, un remède devient l’esquisse d’un personnage. Un personnage de la comédie humaine avec son profil propre comme Balzac a pu le décrire dans ses romans.
Si l’on considère l’homéopathie comme un moyen de connaissance de l’individu permettant sa guérison sur le plan physique et psychique, nous pouvons l’inscrire parmi les outils les plus Dpuissants que nous possédons actuellement pour vaincre le mal-être de l’humanité. Dans Les forces mystiques et la conduite de la vie (3), Sédir nous explique que toute maladie est un désordre issu d’un comportement qu’exerce l’individu en dehors de l’harmonie générale. Idéalement, il faudrait toujours agir de telle manière que cela ne lèse personne, que nous ne prenions pas plus que la part qui nous revient et dont nous avons réellement besoin. Les désordres qui ne sont d’abord que des dérèglements d’humeur et de prise de pouvoir sur les autres êtres deviennent progressivement des maladies bien réelles dans les différents organismes. Il nous indique aussi que toutes les thérapeutiques sont limitées et provisoires parce qu’elles partent de l’externe en chassant le mal ou en empêchant de le faire venir. La solution serait que tout thérapeute, médecin ou chirurgien utilise la prière au cours de son activité. Alors, qui sait ? Un jour viendra où l’on vivra dans un tel idéal. Mais en attendant, il est bon de se rappeler qu’il existe quelques méthodes ancestrales de soins qui tentent d’agir au plus profond de l’individu et que parmi celles-ci l’homéopathie y occupe une place de choix.
(1) Dr Philippe Servais, Homéoportraits, ed. J. Lyon, 2011.
(2) L’homéopathie signifie soigner le mal par le mal.
(3) Dans le chapitre « Les guérisons du Christ ».
Cet article ne fait que raviver le soin que nous devrions apporter à tous nos comportements, puisque tous ont un impact sur notre environnement, quel qu’il soit. Cette vigilance, sans cesse renouvelée, impacte le futur, le nôtre comme celui de nos descendants éventuels. Car il faut se souvenir aussi des propos de M. Philippe indiquant à une personne que les petits enfants ont pour tâche aussi de réparer leurs erreurs. Au delà d’une tâche subie, on peut penser que tout cela rentre dans une œuvre plus globale de participation, de travail collectif. Il nous reste toutefois la liberté de ne pas en rajouter ! Le thaumaturge n’a pas seulement pour tâche la guérison physique ou psychique de l’individu, mais aussi la remise en ordre, en « harmonie des relations qui unissent l’individu à son milieu. »
Rédigé par : Chappuis | 11 juin 2013 à 14:46