par Sédir
Le disciple authentique de Jésus n’est plus serviteur, mais ami. Heureux est-il pour avoir perçu quelque chose du Verbe autrement que par les livres, les métaphysiques et les abstractions. Heureux d’avoir vu la poignante beauté de ce Verbe resplendir dans la souffrance perpétuelle où Le réduit l’amour qui Le dévore ; beauté qui transsude comme une rosée lumineuse, beauté qui s’exalte et qui flamboie, lorsque ce Jésus S’offre, sans défense, aux tortionnaires agents du mal et de la laideur. La stature admirable du Seigneur universel distille alors l’éternelle Lumière comme une buée d’or et d’impalpables diamants. Les formes augustes de Son apparence qui, dans le calme, rayonnent un effroi sacré, prennent un pathétique ineffable dans les angoisses immenses où Le jette Sa tendresse pour les humanités, les esprits et les mondes.
Il rayonne alors, notre Christ aux yeux doux ; Il rayonne d’un éclat insoutenable, vibrant tout entier du halo vertigineux des rouges flammes de l’Amour. Les aurores cosmiques flottent autour de Lui, comme des franges sombres à Son manteau ; Ses pieds nus brillent comme la neige des hauts sommets et Ses mains divines, durcies par les labeurs, sont fortes et chaudes comme le soleil dorant les pampres des coteaux. Son haleine est comme la charge des grandes vagues dans les tempêtes zodiacales. Immobile, éternellement, on Le trouve tout de même partout à la fois ; un et multiple, chacune des graines dont Il ensemence les vastes champs du Père Le possède en entier ; et, infatigable, Il dispense aux abîmes, aux atomes, aux dieux et aux infusoires les effluves surabondants de Sa propre vie.
Lui, l’Amour, Il soutient les mondes, depuis toujours et à jamais ; c’est Lui qui, de Ses propres mains, lance de l’Abîme d’En Haut à l’Abîme d’En Bas les comètes chevelues ; Il parle, et un monde naît ; Il regarde, et accourent la Mort libératrice et la Renaissance béatifiante. Avec Lui tout est le Ciel; sans Lui les paradis ne sont plus que des enfers mornes et glacés.
Athlète invincible, cariatide du monde, pèlerin jamais las parmi les nébuleuses et les galaxies, magnificence de toutes les gloires, vertu de toutes les saintetés, guérisseur silencieux, triomphateur de la mort, tel est Celui devant Qui le mystique se prosterne, et sur les traces de Qui il s’efforce de marcher.
S’il travaille, il le sait bien, c’est parce que ce Jésus a édifié de Ses mains cet univers ; s’il écrit, c’est parce que l’auteur du Livre de Vie lui a communiqué de Son art ; s’il assemble des harmonies, c’est que la Voix profonde du Verbe crée, anime, unifie et accorde les voix des êtres, depuis le hurlement du démon jusqu’au murmure mélodieux du séraphin. Pour cet Abîme insondable de perfections il n’existe ni murailles, ni montagnes, ni vallées, ni précipices ; par Lui le disciple voit ; par Lui il conçoit les arcanes et commande aux génies.
Sa douceur est toute forte ; source inépuisable de l’Impossible, de l’Incréé, de l’Inédit, de l’Inouï, de l’Ineffable, de l’Irrévélé, dans Sa main gauche reposent les cendres des mondes disparus, dans Sa droite étincellent les semences des mondes futurs. Maître des univers, bienfaiteur des hommes, vainqueur des enfers, Jésus accepte du disciple la maladroite et touchante faiblesse ; dans le cœur qui se hausse, si péniblement, vers Lui, Il ne regarde que sa sincérité. Comment n’aimer point ce Dieu qui Se fait notre frère, et qui ne garde de Sa grandeur que juste ce qu’il faut pour nous donner confiance et nous laisser le mérite de l’effort ?
NDLR : Les phrases mises en évidence en caractères gras le sont de notre fait.
Ce qui est particulièrement intéressant chez Sédir, c'est qu'il parle de Jésus au présent, mettant ainsi en évidence la relation qui existe de tout temps avec le disciple sincère.
"Avant qu’Abraham Fût, Je Suis"
Rédigé par : Oranger | 10 mars 2013 à 20:33