par Charbonnier
« L'hiver est venu pour moi aujourd'hui ; il me reste leur souvenir qui me donne la force, comme leur présence autrefois m'avait donné la lumière ; elle me la redonne encore, quelques fois, en se renouvelant dans le calme des nuits. »
Initiations, Vers l'initiation christique, p. 152
Pendant longtemps je me suis couché tard. Je lisais, après avoir fait mes devoirs et appris mes leçons, toutes sortes de livres d'occultisme, de mystique, d'archéologie et de voyages.Il y en avait un que j'ai relu plusieurs fois, parce que le sujet m'intéressait particulièrement ; il s'agit de Les Rêves de Paul SEDIR. À cette époque (les années 60), il y avait peu de livres grand public sur ce sujet. Celui de SEDIR était beaucoup plus intéressant, pour ceux qui voulaient comprendre le pourquoi et le comment, que les ouvrages relativement décevants parus chez des éditeurs ou collection comme Marabout, Que sais-je, 10/18 ou Payot (qui étaient pourtant des pionners à l'époque !). Comme j'ai beaucoup apprécié ce livre j'ai bien entendu lu plusieurs de ses autres ouvrages.
Comparés à ceux d'autres auteurs de cette époque sur les mêmes sujets, je trouvais les livres de SEDIR vivants et ouvrants toujours des portes et des perspectives ; de plus il donnait clairement le sentiment d'avoir expérimenté ce dont il parlait, et j'appréciais que son érudition ne fût pas pesante, mais toujours à propos et enrichissant le sujet traité.
Je trouvais aussi ses livres sympathiques parce qu'à travers eux le Ciel n'était pas quelque chose d'abstrait n'ayant rien à voir avec la vie quotidienne ; quelque chose dont on ne s'occupait au mieux qu'une fois par semaine en allant à la messe, quelque chose qui avait son compartiment qui ne devait pas empiéter sur les autres. À leurs lectures je commençais à concevoir que le Ciel avait sa place dans tous les aspects de ma vie, et à comprendre, ce qui était plutôt une idée neuve en France à l'époque, que tout était lié dans une existence. Plus tard, je pus constater au fil de mes lectures, de mes rencontres et de mes voyages, qu'une telle conception était non seulement connue, mais surtout mise en pratique, entre autres, par le taoïsme, le soufisme, le hassidisme ; et, dans le christianisme, dans un certain nombres de branches, (comme les Amis de Dieu, l'unitisme, le quiétisme, la Société des Amis et les Quakers, pour ne rien dire des Coptes et des Église d'Orient et des orthodoxies), ainsi qu'il avait dû en être dans tout le christianisme des premiers temps.
Quelques années plus tard, j'ai eu la très grande chance de faire la connaissance d'André SAVORET qui avait très bien connu SEDIR à qui il devait d'ailleurs d'avoir renoncé à un suicide un jour de déprime, au Pont-Neuf. SAVORET m'expliqua à quel point SEDIR était avancé en alchimie, ce qui était rarement le cas des occultistes du 19ème ou du début du 20ème siècle. Ceux qui s'y connaissaient vraiment et avaient laissé un nom (en général plutôt un pseudonyme) se comptaient sur les doigts des deux mains en France, et ceux qui étaient restés totalement inconnus n'atteignaient sans doute pas la centaine. Il m'apprit également le rôle de Monsieur PHILIPPE dans la vie de SEDIR, et me montra que le roman Initiations était un ouvrage d'un intérêt exceptionnel, basé sur des faits et des expériences authentiques et sortant de l'ordinaire.
SAVORET était particulièrement au courant de l'élaboration du livre Histoire et Doctrines des Rose-Croix et il laissait entendre que SEDIR était très bien placé pour traiter ce sujet.
Grâce à son parcours réussi dans les initiations, SEDIR avait acquis un exceptionnel équilibre qui lui permettait de faire travailler les différents champs qui se présentaient à lui : « que l'on commence par comprendre, ou par aimer, ou par agir, l'exercice de l'une de ces trois fonctions entraîne et améliore les deux autres. » (1)
Une telle démarche permet de relativiser la théorie émise par quelques admirateurs frileux selon laquelle il y eut dans sa vie deux périodes totalement étanches l'une par rapport à l'autre, la période occultiste et la période mystique.
J'ai eu la chance, grâce à Marie AUBER (la collaboratrice de SEDIR), à André SAVORET, à Marcel RENEBON et à François LALOGE d'expérimenter combien ceux qui avaient connu et aimé SEDIR ou l'avaient pleinement compris et apprécié, aimaient les promenades à la campagne dont le livre Initiations est rempli ; ces promenades sont très importantes, pour toutes sortes de raisons...
Une autre notion très importante dont j'ai pu comprendre l'importance grâce à SEDIR, était qu'il fallait vivre, faire ce qui se présentait, connaître et cultiver nos talents et notre vocation, dans notre vie présente, être ouvert et attentif à tout ce qui se présentait :
— Et il est vraiment plus difficile de vivre tout bonnement que de s'abstraire, pendant les jours et les nuits de toute une existence, sur des textes arides, hors de toutes les vanités du monde (...) ?
— Vous verrez, docteur, si vous essayez (...) tout a son importance. Le mariage, par exemple, que l'on s'efforce aujourd'hui de démolir par tous les moyens, exerce une répercussion très lointaine sur l'avenir des époux (...) ». (2)
Tel qu'on le ressent à la lecture des livres de SEDIR, et selon qu'on peut le constater si, après la lecture on se remet au travail de vivre et de s'éveiller vraiment à ce qui nous entoure, le Ciel peut devenir présent dans chaque instant de notre vie, si on lui ouvre la porte.
SEDIR a bénéficié de révélations de toutes sortes par Monsieur PHILIPPE et par JÉSUS-CHRIST, ainsi que par des initiés de toutes les grandes traditions, religions et ésotérismes ; il était également devenu un voyant exceptionnel à la fin de sa vie. C'est par un choix personnel que SEDIR a mis de côté l'occultisme, et non à la demande de Monsieur PHILIPPE comme ont pu le dire certains, n'ayant pas réfléchi que Monsieur PHILIPPE n'avait jamais rien demandé de tel à ses autres amis occultistes.
On ne peut comprendre SEDIR, on ne peut pas l'aimer, on ne peut que mal le suivre si on ne devine pas la force d'amour dans son couple avec Alice, sa première épouse, et si on ne rentre pas en profondeur dans ses deux livres "Les lettres magiques" et Initiations pour les vivre.
Mais ce qui reste peut-être le plus remarquable chez SEDIR, c'est que son parcours exceptionnel d'Adepte et de Missionné chrétien ne l'empêche pas de rester profondément humain avec tous ceux qui l'ont approché, d'avoir toujours le mot et le geste pour redonner courage et confiance.Et cela malgré une vie qui n'a pas été facile ; à part la sécurité de l'emploi à la Banque de France, sa vie a eu autant de croix que de roses, on l'oublie quelquefois : problèmes graves de santé, douleur profonde de la mort d'Alice, sa première épouse, difficultés avec sa seconde épouse, soucis pour ses enfants (adoptés), tristesse des défections et des ruptures avec plusieurs des premiers compagnons des Amitiés Spirituelles, angoisse de voir la France s'enfoncer peu à peu malgré la victoire de 1918, prescience de la crise de 1929 et de la deuxième guerre mondiale.
Pour conclure, deux citations tirées d'Initiations :
« Ma seule peine aujourd'hui, c'est que tant d'hommes passent tout près de ce Ciel sans le connaître, non parce qu'il est caché, mais parce que, ne sortant pas d'eux-mêmes, ils ne veulent ni ne peuvent l'apercevoir, puisqu'ils ne regardent pas ». (4)
(1) Les Guérisons du Christ.
(2) Initiations, Vers l'Initiation Christique, p. 152
(3) Initiations, Avalanche dans l'Himalaya.
(4) Initiations, Résurrection.
Merci cher Charbonnier pour le récit de ces souvenirs, de cet héritage oral précieux, à la sagesse bien française qui transpire l'Esprit vivant, visant l'âme où le sublime est réfléchi, lorsque la nuée se disperse. Comme nous aimerions sentir le parfum de ces rencontres qui éveillent et fortifient l'âme, quelle bonheur cela a été sans doute pour vous.
Merci pour cette sincérité et les pistes offertes pour une approche Sédirienne plus harmonieuse, plus profonde, plus vraie sans doute que les sonorités habituelles. Un regard nouveau, où le personnage n'est pas divisé mais unifié ayant bien réussi à sublimer l'objet de ses premières études qui visait à pénétrer l'Absolu, à ses essais fiévreux et sulfureux certes, mais qui furent nécessaires, pour en tirer la substance mielleuse, tout en séparant le bon grain de l'ivraie, après l'ultime rencontre.
La connaissance la plus haute n'est-elle pas offerte gratuitement, un jour à l'homme de bonne volonté qui a fait quelque progrès en matière de morale, élévation qui s'acquiert grâce surtout aux petits pas du quotidien, sentier du devoir simple, celui de l'Amour sincère et d'une conscience droite ?
de passage,
T.loisel
Rédigé par : T. loisel | 06 mai 2009 à 20:36