par Cornélius
– Salut l’Ami !
– Salut, comment vas-tu ?
– Comme d’hab... Je suis allé voir une vieille tante dernièrement ; elle m’a appris un drôle de truc qui m’a fait penser à Sédir. Tu sais qu’elle connaît plein d’histoires sur sa région et son village ; c’est une femme du pays comme on dit, le vieux pays des Beulous dans les Charentes.
– Ah oui ? Raconte...
– Oh ! c’est assez curieux tu vas voir. Tout le monde, ou presque, sait que notre cher auteur Sédir avait pour nom Yvon Le Loup.
– Oui, ça c’est pas nouveau ; d’ailleurs son divin maître aimait l’appeler paraît-il : « Vieux loup ! »
– Joli nom pour la réincarnation d’un vieux corsaire ! Enfin c’est ce que certains disent !
– Bah ! tu sais, ça on n’en sait rien, on n’y était pas..., mais continue ; remarque l’image du corsaire ça lui va bien !
– Dans tous les cas, ce fameux loup est bien présent sur son ex-libris ; j’ai eu la chance de le voir une fois ; il était, si mes souvenirs sont bons, à la sortie d’une forêt et l’on voyait en arrière plan le lever du soleil ! Par contre je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il a choisi le surnom de « Paul » Sédir...
– Bah, il doit bien y avoir une raison !
– Tiens justement, voilà ce que m’a raconté ma tante : elle m’a dit que dans son village était né en 1570 un certain « Paul Yvon », un chrétien qui était un type d’une charité presque légendaire ! Seigneur de Laleu, on le disait « fou » parce que sa demeure était ouverte à tous ceux qui criaient famine. Devenu maire de La-Rochelle en 1616, il s’est employé à procurer pain et travail en ouvrant des chantiers...
– Tu penses, ça a dû plaire aux autorités !
– Évidemment les bourgeois ont vite fait de mettre fin à son mandat. Drôle de type ! On sait que Richelieu le contraint à fuir de son château. On le retrouve plus tard à Paris auprès du Roi pour une mission de paix, avant de rejoindre les terres de son fief du « bois joli » en chantant paraît-il « le loup y va », c’était l’anagramme de son nom ! De là est né, selon ma tante, le terme de Beu-lou que les habitants de Laleu revendiquent encore fièrement. Autre curiosité, protestant d’origine, on l’enterre dans un cimetière catholique !
– Comme c’est drôle cette histoire ! La similitude du nom avec notre bon Yvon Le Loup est troublante, et puis ça prouve que la charité ça laisse quand même des traces... le peuple s’en souvient ! Mais dis-moi, comment ta tante en est venue à te raconter cela ?
– Eh bien, je lui demandais si elle connaissait l’histoire de sa rue, tu sais que les anciens aiment avoir des auditeurs, et comme tu l’as compris elle habite la rue « Paul Yvon ».
– Comme quoi des fois, faut prendre le temps de discuter avec les vieux... !
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