par François Laloge
Grâce aux enfants, aux santons et... aux marchands, Noël est devenu aujourd’hui une kermesse à tendance familiale. Explosion de joie plus ou moins de bon goût, mais joie tout de même qui reste malgré tout un remerciement qui s’adresse au Père de toutes choses, pour le magnifique, l’inestimable « cadeau » qu’Il nous a offert le jour béni de la naissance de Son fils.
Dans cette fête certes Jésus n’y figure au mieux que sous forme d’une petite poupée de cire ou d’argile pétrie par les mains habiles d’un artisan, et cependant ce que le bon Dickens appelait « l’esprit de Noël » est toujours mystérieusement celui de la bonté, de l’accueil, du partage. Mais le premier Noël ? Sa joie était sûrement bien plus vraie que les nôtres dont elle était le précieux germe, parce que moins encombrée. Nous passerons sous silence les aspects plus ésotériques, voire initiatiques, de cette merveilleuse fête de la Lumière, de la Vie, de l’Amour pour n’en étudier que ce qui peut avoir trait à l’aspect familial.
La sainte Famille représente en effet l’idéal voulu par le Créateur. Si nous remontons à l’origine, nous constatons que Dieu a créé l’homme auquel il adjoignit une compagne. Or cette création de types hominiens marque la volonté visible de l’union de l’homme et de la femme, premier stade de la création de la famille.
Dans son dessein grandiose, Dieu a fait l’homme et la femme participants à Son œuvre créative. Cette complémentarité de l’homme et de la femme n’est pas seulement physique, elle doit être totale, spirituelle, intellectuelle, affective ; les pouvoirs respectifs des deux sexes, bien que différents, sont destinés à former une UNITÉ agissante, forte, orientée vers l’accession aux états supérieurs d’Être. Le couple humain est le premier groupement qui a préfiguré au début de la création tous les autres groupements qui se sont succédés et qui se succéderont dans la suite des temps.
De ce couple est né le clan à partir duquel s’est constituée la tribu, puis celle-ci a donné lieu à la formation de la Province, et par ce phénomène d’agglutination, de cristallisation, qui se manifeste dans les diverses branches de la vie, ces formations ont généré la Nation, et aujourd’hui nous nous acheminons vers le groupement continental. Ainsi la famille est donc la cellule initiale de la vie communautaire de l’humanité, la base de toute société viable.
C’est l’expérience de la vie qui nous révèle qu’à côté de la famille du sang, il existe la Famille spirituelle et il n’y a pas toujours concordance entre ces deux ordres. Les humains appartiennent à une famille invisible à laquelle devrait correspondre la famille visible où ils naissent. Près de chaque berceau se rejoignent deux longues théories de parents : la lignée dans la chair et la lignée selon l’esprit ; ces deux lignées devraient coïncider, mais une telle harmonie est très rare. Il existe des haines, de l’envie, de la jalousie, et de la hargne, dans certains milieux familiaux et tout ceci pour la bonne raison que les membres de ces familles en discorde ne sont plus unis que par le lien civil et juridique ; les roues des générations ont été faussées, et ils sont désunis d’autre part par des rivalité d’intérêts, par la mauvaise volonté, et, en bref, par l’absence d’un réel amour. La famille est évidement un groupe de personnes liées par le sang, mais le témoignage du Christ tel qu’il est consigné dans les Évangiles nous permet de comprendre que Jésus Emmanuel avait une large conception de la famille qui s’étend à plusieurs sortes de familles religieuses, communiant dans la même foi, la même espérance, le même amour ; familles mystiques qui se forment par le groupement d’âmes aux affinités semblables ayant des aspirations, des besoins, des tendances similaires. Nous devons comprendre que la famille qui ne reposerait que sur les liens de la chair, serait appelée à dissolution et que ce n’est que la famille de l’Esprit et du Cœur qui est destinée à demeurer hors du temps et de l’espace.
La conception, la formation et la vie des familles de la terre dans les divers domaines où elles se constituent exposent les lettres de réelle noblesse de la femme et de son compagnon. Je forme avec vous, pour vous, le vœu que les rencontres quotidiennes avec tous les êtres qui sont nôtres soient donc sources de joies, de bonheur perdurable, d’enrichissement renouvelé de la personnalité, c’est ce que nous demanderons au Père pour nous tous, au pied du berceau de notre Emmanuel venu nous apporter Foi, Espérance, Charité.
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