par Anonymus
L’Infini va se fixer à l’intérieur d’une limite. Cela implique un mouvement de contraction. L’infini va se resserrer. L’Esprit va se fixer pour être contenu dans les limites d’un corps. Avec ce mouvement de contraction qui est à l’origine de toutes choses, commence le drame de la manifestation divine. Le corps premier, c’est ce quelque chose que le Rien désire pour accéder à l’Être.
En dehors de la Divinité, rien n’existe encore, le Désir d’Être se crispe sur Lui-Même. Lorsqu’il peut s’exercer sur un objet extérieur, le Désir est l’aimant qui attire cet objet. Faute d’objet extérieur, le mouvement d’attraction devient un mouvement de contraction. En se contractant à l’extrême, le désir crée une épaisseur qui sera sa propre matière. Se dévorant Lui-Même, c’est de cette matière qu’il s’engrossera. Le Désir s’engrosse Lui-Même. Plus il se resserre sur Lui-Même et plus il s’épaissit, plus il se durcit, plus il se solidifie. La matière archétype qui naît ainsi, n’est que du désir pétrifié.
L’âme bâtit sa propre prison comme un escargot qui sécrète sa coquille, mais elle ne passe pas toute entière dans la pierre qui la retient captive. Au contraire, plus cette pierre l’enserre et plus elle s’affirme, luttant pour s’en évader. Le désir rentre en lui-même. Se durcissant à l’extrême, il s’emmure dans sa propre épaisseur. Mais aussi il cherche à briser sa propre étreinte. Le désir s’inverse. En fait, c’est le même désir qui s’exerce en deux sens contraires. Ce resserrement initial, est ressenti comme une violence. Certes, c’est le Désir de Dieu qui l’a provoqué, mais il en résulte une épaisseur ténébreuse dont la puissance émanée de l’Esprit se trouve prisonnière. Dès lors, le Désir s’inverse. Aspirant à se libérer, cette force se meut pour faire éclater la compacité dans laquelle elle s’est elle-même emmurée. Le Désir s’est pétrifié. Mais voilà qu’il se retourne contre Lui-Même, œuvrant comme une force de dislocation égale à sa puissance de contraction. Il y a maintenant comme deux volontés qui s’opposent.
Le début du cycle de la Nature Primordiale, illustré par ce terrible affrontement, se reproduira dans l’âme de l’homme. Cet homme sera prisonnier de son corps qui se refermera sur lui comme un sépulcre. Cependant dans l’économie divine, le corps terrestre, qui est la prison de l’âme, précède nécessairement le corps glorieux. De même, la Cité Sainte vient après Babel. La Lumière ne jaillit que dans les ténèbres.
Tout être humain est constitué du mélange « Lumière-Ténèbres ». Rien de ce qui est lumière ne peut se perdre, car alors, le Tout ne serait plus le Tout. L’Un ne serait plus entier, ce qui ne se peut pas. Ce qui est des Ténèbres, retournera aux Ténèbres. L’unification des Ténèbres ne pourra se faire que dans la réunion finale de la Force Ténébreuse à la Force Lumineuse. Dès lors, Dieu sera de nouveau Noumène, une autre Création recommencera.
Le Désir de séparation de la Lumière des Ténèbres, n’est pas coléreux, ni haineux, mais aimant et pardonnant. La séparation s’effectue par le désir amoureux de la Lumière, et non par haine des Ténèbres.
Né de la Lumière, nous avons le désir de nous réunir, de nous unifier à la Lumière. L’Amour parfait est réunification. Chaque parcelle de Lumière n’aspire qu’à retourner à la Lumière et ainsi s’unifier. Comment jouir du bonheur de l’unification, si l’unification n’est pas faite. Tant qu’il y aura une parcelle de Lumière prisonnière des Ténèbres, le bonheur ne pourra être parfait et la Lumière dans sa Totalité soupirera et souffrira de ce manque de réunification.
Voilà pourquoi, l’homme n’a aucun autre chemin, que celui de l’amour du prochain. Il n’y a pas d’ennemi corporel, seulement des idées ténébreuses, pour emprisonner la Lumière. Voilà pourquoi, l’homme éveillé, se bat contre les idées, jamais contre l’homme. Voilà aussi, pourquoi l’homme éveillé, enseigne, instruit, témoigne. C’est là son combat, c’est là son acte d’amour, envers la Lumière prisonnière des Ténèbres.
Aucune partie de la Lumière, même la plus infime ne restera prisonnière des Ténèbres. Le processus du Salut, c’est-à-dire le phénomène attractif de la Lumière vers la Lumière, va croissant. Il gagne de la puissance par la durée et tend donc à s’accélérer. La Force de Salut une fois engagée est irréversible. Le plan de Dieu se réalise, car le Désir de Dieu est Loi et Fondement. L’attraction de la Lumière par la Lumière, est Loi.
L’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est Lumière. Le processus du Salut consiste en la séparation des deux natures de l’homme. Cette séparation s’effectue par la connaissance de notre état : Lumière-Ténèbres, d’une part et par la reconnaissance des œuvres de l’une et l’autre Force, et cela sans haine. En Dieu, il n’y a pas les notions de Bien et de Mal. Mais deux volontés divergentes, deux Désirs ou plus exactement un Désir ou une Force qui se meut dans deux directions opposées. Ces directions, sont qualifiées, l’une aimante et pardonnante, attractive et aérienne, l’autre est coléreuse, condensatrice et pesante. La haine n’est pas compatible avec l’amour, c’est pourquoi, il ne saurait y avoir de la haine des Ténèbres dans l’amorce du retour à sa patrie ou sa nature d’origine. C’est au contraire par désir d’amour, par désir de joie, par désir d’abandon, que le retour s’opère. Dès l’amour connu, l’amour n’aspire qu’à aimer. Dès la lueur de Lumière apparue, le désir de s’unir à jamais à cette Lumière, est une force tranquille sans fin ; car de l’union à la Lumière naîtra le désir toujours plus vif, de l’unification totale de la Lumière à la Lumière.
Ndlr : ce texte, trouvé parmi des documents de François Laloge, ne comporte pas le nom de l’auteur ; toutefois l’intérêt de son contenu nous a incités à le publier. Nous remercions par avance la personne qui voudra bien nous en indiquer son auteur.
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