par Sédir
Les serviteurs
Le serviteur reçoit des gages ; il vit à part ; il peut changer de maître.[...]
Le serviteur a du zèle, sans doute, dans une certaine mesure, mais qui tiédit ou s’échauffe selon l’humeur de son maître.[...]
[…] Un trop grand nombre d’entre nous craignent Dieu plutôt qu’ils ne L’aiment et redoutent Son ineffable conversation.
Les Amis
À ceux qui L’ont suivi Jésus déclare : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père ».
[...] L’ami n’attend point de salaire car son Ami plus riche lui offre des présents comme témoignage d’affection, mais non pas en dédommagement de ses peines ; ils vivent tous deux en intimité et ils sont l’un à l’autre pour toujours.
[…] Le zèle de l’ami est sans mesure et toujours croissant : il n’obéit pas aux ordres d’un maître ; il aime son Ami ingénument ; « devoir » n’existe plus pour lui, puisque c’est par bonne volonté, par amour et gratuitement qu’il travaille. Les fatigues lui sont des bonheurs ; il vit dans la joie, une joie profonde et calme, sans démonstrations, mais qui rayonne avec puissance et qui allège les tristesses d’alentour.
Voilà les sentiments où je voudrais vous voir. [...] Soyez plus libres avec Dieu […]. Vous avez voulu être des éclaireurs, des francs-tireurs ; dans le personnage du Christ, ce qui vous a frappés, c’est Son isolement, Sa solitude, son caractère d’Unique. Gardez donc dans la réalisation de votre vœu, le même courage que vous avez mis dans sa prononciation.
[...] Vous avez voulu partir à la découverte. Ne revenez point sur vos pas. Abordez la vie avec calme, avec circonspection, surtout avec une silencieuse sympathie.
Les sourcils froncés, c’est l’effort qui redoute un échec ; le visage impassible, c’est la force du demi-dieu blasé par le succès ; mais le sourire, c’est l’innocente puissance irrésistible de l’Enfant mystique dont l’esprit sature la toute-faiblesse. Parlez donc aux êtres avec une familière et souriante bonhomie. Ne vous étonnez de rien : qu’aucun aspect du mal ne vous déconcerte ; tâchez de tout comprendre, même les petitesses des gens ; il faut que ceux qui viennent à vous sentent, quelle que soit leur inquiétude ou leur peine, que « vous avez déjà passé par là ».
Et puis, quand l’épreuve arrive, ne vous croyez pas malheureux pour cela. […] L’épreuve est le seul procédé divin de croissance spirituelle ; l’épreuve est le seul travail réel de notre personne morale ; l’épreuve est la seule méthode pour purifier la Nature. Elle doit donc être une joie, une joie de bons ouvriers […]. Vous portez dans vos mains le bonheur essentiel et vous vous croirez malheureux ?
Ainsi donc, fixez vos contemplations sur la splendeur d’En-Haut ; Jésus vous parle très souvent, mais votre humeur morose vous empêche de l’Entendre ; ouvrez-vous, clarifiez-vous ; appelez la joie des anges, répandez-la sans mesure autour de vous. Vous verrez comme votre rayonnement grandira.
Sédir, L’Ami Fidèle, Le couronnement de l’œuvre,1993, pp. 120-122.
Ce court passage de l'oeuvre de Sédir est d'une grande beauté. Il est édifiant et prodigieusement encourageant ! S'il ne fallait en garder que quelques-uns, il en ferait partie sans aucune hésitation.
MERCI
Rédigé par : Laurent | 27 octobre 2012 à 23:30