par O. Sporeys
Si comme le dit Sédir « les envoyés de l’Esprit se reconnaissent aux haines qu’ils soulèvent », il faut bien admettre que Paracelse était l’un d’eux. Il fut bafoué, de son vivant, par ses anciens disciples et par ses collègues, qui l’accusaient d’impiété, de blasphèmes et d’imposture. À une époque récente, des médecins éminents, des patrons, le prenaient pour un ignorant, lui reprochaient d’être un ivrogne ou pour le moins, un excentrique.
Il ne pouvait en être autrement, puisque toute sa doctrine est basée sur la connaissance, celle dont « les hommes-esprit » dont parle l’apôtre Paul, ont conscience et que seul il cherche à acquérir.
Théophraste Bombast von Hohenheim est né en 1493. Le surnom de Paracelse lui fut donné par les étudiants du collège de Bâle.
Ayant perdu sa mère alors qu’il était tout enfant, il n’eut jamais les soins d’une femme dans sa jeunesse maladive ; ce fut son père le docteur Von Hohenheim, qui prit soin de lui. Ce dernier éleva son fils dans la connaissance de Dieu et de l’Amour, il lui inculqua le désir de souffrir en combattant pour la vérité, le désir de se dévouer pour soigner les hommes ses frères,et ce sentiment fut exalté par l’idée que sa mère était morte sans que son père ait pu la sauver.
Il avait neuf ans lorsque le docteur Von Hohenheim fut appelé à enseigner la chimie à l’école des mines de Villach en Carinthie, en plein pays minier. Le jeune Théophraste qui accompagnait son père dans ses promenades en pleine nature, apprit de lui la botanique et fut intrigué par le mystère de la terre, de la gestation du minerai dans le sol, ce qui tout naturellement le conduisit plus tard à l’alchimie. Il comprit que la vie est une, partout identique et toujours en pleine évolution.
C’était l’époque où les penseurs abandonnaient les théories de la scolastique, époque de la renaissance, durant laquelle la science commençait à s’appuyer sur l’observation et l’expérience. Marcile Ficin venait de traduire Platon, remettant en honneur la pensée Grecque et le néoplatonisme.
C’était aussi l’époque de la réforme, de cette lutte contre la main mise de Rome sur la pensée humaine, dictature qui devait conduire à la condamnation de Copernic et au reniement de Galilée.
Devenu l’élève de Trithème, Paracelse fut initié par lui à la kabbale. Il s’attacha à étudier les phénomènes de la nature vivante et de ses mystères ; il reprit la doctrine d’Hippocrate ; la lecture d’Hermès le conduisit à l’étude de la médecine hermétique, à la philosophie de Basile Valentin et de Nicolas Flamel. Le principe, l’unique, a engendré toutes choses par adaptations, par transformations successives. Toute la médecine de Paracelse est basée sur la constitution de l’être humain et sur la succession de ses parties de plus en plus élevées : corps, âme, esprit, ainsi que l’indique la fin de la première épitre aux Thessaloniciens ; les parties proviennent des milieux correspondants de la création et y prennent leur nourriture.
Certes, il fut un occultiste, mais seulement dans la mesure où cette doctrine lui permettait de mieux comprendre l’essentiel de l’art de guérir. Ainsi que l’enseigne l’Évangile de Jean(chV, 14), la maladie est la conséquence de la faute et la guérison du corps est subordonnée à celle de l’âme, et cette étude de l’occulte conduisit tout naturellement Paracelse à celle de la mystique, comme il advint à bien d’autres ! « Si Jésus a guéri des corps, c’est en purifiant l’âme », c’est-à-dire en pardonnant et en effaçant la faute. C’est pourquoi Paracelse croyait que le médecin ne peut guérir sans la Foi et sans l’intuition venue de l’Esprit, qui le guide et l’éclaire : « le pouvoir qui rend les saints capables de faire des miracles est encore vivant, c’est le pouvoir de l’Esprit et si vous vivez en Dieu, vous recevrez ce pouvoir. » Pour lui donc, ce Dieu ne donnait ces intuitions qu’au médecins « vertueux » et il plaçait l’acquisition de la vertu avant celle de la science et de la philosophie.
Son mysticisme trouvait ses aliments et ses directives uniquement dans l’Évangile, dans l’amour du Christ et des hommes, en dehors des dogmes, dans les soins gratuits aux malades pauvres, par exemple. Hippocrate déjà enseignait : « On ne peut aimer la médecine sans aimer les hommes », c’est-à-dire sans les servir. Un médecin doublé d’un mystique a une action plus efficace que le prêtre sur un malade sans foi ; l’incroyant, s’il admet le prêtre auprès de lui pour plaire aux siens, ne le fait qu’à contre cœur, il est prévenu contre lui et ne l’écoute pas, par principe. Au contraire, le médecin, qui vient guérir, ou tout au moins soulager, est accueilli avec confiance, et si les sentiments qu’il éprouve auprès du malade lui dictent les paroles qui conviennent à son état moral, il peut avoir une grande influence sur son esprit et lui faire comprendre ce qu’est la vrai Religion celle de l’Amour.
L’homme, enseignait Paracelse, possède en lui les éléments matériels et animaux du cosmos ; mais il a en lui quelque chose de plus : le principe divin, et sa fonction est de faire accéder au plan supérieur les éléments du plan inférieur qu’il incarne. L’Esprit est une émanation du plan divin, et l’homme a pour mission de faire grandir cette étincelle spirituelle déposée en lui en la nourrissant par son amour, dans le sacrifice de lui-même.
Pour Paracelse, le fluide vital de l’homme, puisé par ce dernier dans le milieu naturel dans lequel il respire, cet Archée, comme il l’appelle, est l’agent de guérison, de la cicatrisation et de la restauration des organes ; c’est exactement la « natura medicatrix » de l’école d’Hippocrate et le rôle de la médecine consiste alors à éliminer du corps tout ce qui peut empêcher cet Archée d’agir par lui-même. C’est ce fluide vital qui est abondant dans la sève des arbres et des hommes et qui se raréfie dans la vieillesse. Souvenons-nous de la parole de Méphistophélès exigeant de Faust que ce dernier signe avec son sang : « le sang est une sève bien particulière. » (1)
Cet Archée loin d’être spécial à l’homme est la force vitale qui existe dans toute la nature créée et assure son évolution ; c’est par lui que l’homme plongé dans cet océan de forces, est participant à la vie du monde. C’est à lui qu’est due la maturation des métaux dans le sol, sous l’influence de la chaleur, de l’humidité et des courants magnétiques car les métaux, les pierres vivent ; la chimie moderne reconnaît que le kaolin par exemple est un feldspath granitique évolué et que cette force vitale de l’homme retourne après la mort à la grande nature, comme la matière physique retourne à la terre.
Bien entendu, ces doctrines très au-dessus de celles admises par les facultés, ne pouvaient être comprises par les docteurs et comme Paracelse accomplissait des guérisons dont ils étaient incapable, ils l’accusèrent de faire de la médecine illégale, comme c’est l’usage encore de nos jours.
On se trouvait alors au début de la réforme vers laquelle penchait Paracelse ; les catholiques firent chorus avec les médecins, les barbiers-chirurgiens et les apothicaires ; on appela Paracelse « le Luther de la médecine », ce qui était exact puisqu’il en était le réformateur, et les persécutions redoublèrent. Froben de Bâle, l’éditeur d’Érasme, étant mort d’apoplexie après avoir été soigné par Paracelse pour une entorse, on fit courir le bruit qu’il avait été empoisonné par les drogues de son médecin et ami ; un pamphlet, rédigé en latin fut affiché à la porte des églises, ridiculisant sa méthode.
Plus tard un chanoine étant gravement malade et les médecins officiels ayant échoué, ses proches recoururent à contre-cœur à Paracelse qui le guérit en trois jours, la famille en profita pour ne pas payer les honoraires dus, prétextant que si le chanoine avait guérit si vite, c’est qu’il n’était pas si malade qu’on l’avait prétendu. Les juges auxquels Paracelse eut recours lui donnèrent tort et menacèrent de l’arrêter ; il dut se sauver clandestinement de nuit en Alsace.
On pourrait citer bien d’autres exemples de la mauvaise foi des contemporains de Paracelse ; toute sa vie il fut persécuté. Le grand mérite de cet homme de génie fut de ramener la science médicale à l’étude de la nature et de la vie, de lutter contre la routine et contre toute autorité, si cette dernière n’était pas basée sur la valeur personnelle et sur la vérité. S’il eut à supporter tant d’injustices, c’est que, comme le dit Sédir : « il y a bien des chances pour que celui que le monde persécute soit grand selon Dieu. »
(1) Le mot allemand employé par Goethe est saft que l’on a souvent improprement traduit par liqueur ou par suc dans les éditions françaises de Faust. Le sang est der rote saft : la sève rouge.
"Personne ne peut faire le bien sans faire d'envieux. Partout où j'ai été parmis les nations j'ai supporté beaucoup de la part des hommes et je n'ai voulu faire de mal à personne, mais au contraire aider tout le monde. C'est là en effet la charité qui assimile l'homme à Dieu, de rendre le bien pour le mal et d'arracher notre genre humain à ses misères"
L'Evangile de Cagliostro
Rédigé par : Laurent | 19 septembre 2012 à 08:37
Bonjour,
Pour rebondir en parallèle d'un autre article où un certain Benoît Manchon était évoqué chez M.Renébon, pour un mystique pur, il serait très simple aujourd'hui de concocter une petite recette avec de l'eau, de l'huile, une bonne lune et un beau soleil, dans le soir d'une cave et quelques ingrédients universels comme du sable, des fleurs et la PRIERE. On aura beau tout faire de compliqué, si vous n'avez pas le secret initiatique (de ce qui vous met au monde)de la véritable prière, votre recette ne sera rien ! Et c'est là que certains disciples interviennent : pour vous "offrir" la Belle Oraison.
Ensuite le malade doit s'en remettre à "Vous", ce dieu personnel dans le sens que Dieu n'est toujours qu'une personne dès l'instant que vous l'invoqueriez, car comment voulez-vous décrire l'indéfinissable Beauté d'Amour si vous ne passez pas par vous même ? Les mots n'appartiennent qu'à l'homme, voire les premiers sont encore à Adam mais sa langue fut oublié.
Le reste n'est que littérature pour mystique pratiquant l'onanisme dogmatique.
Rédigé par : Charles | 10 octobre 2012 à 18:45