par Phaneg
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I
Jésus, au début de sa vie publique, affirma que : « Ceux qui auront l’Esprit doux, seront heureux, car ils posséderont la Terre ». Puis, au dernier jour, réunissant autour de lui les onze disciples fidèles, Il leur déclara qu’Il ne les appelait plus désormais serviteurs, mais « Amis ».
Ainsi, notre maître nous l’enseigne, il existe des Êtres, « ses Amis » et à certains d’entre eux il remet en don, la terre. Il la leur donne à diriger, à garder. Ils en sont les seigneurs et représentent dans le monde Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie. L’Évangéliste Jean nous apprend que ces Créatures Mystérieuses et parfaites, « sont nées de l’Esprit et non de la volonté de la chair ou de l’homme. » On ne sait – ajoute-t-il – d’où vient le vent, ni où il va. Ainsi en est-il de « ceux qui sont nés de l’Esprit ».
Ces passages de l’Évangile que j’avais souvent contemplés et médités, me revenaient à la pensée en relisant l’admirable Mémoire pour le Comte de Cagliostro contre le Procureur général, publié à la fin du beau livre de Marc Haven le Maître Inconnu. Même s’il n’avait laissé que ces déclarations, toutes imprégnées de Lumière Surnaturelle, notre âme aurait reconnu en Cagliostro un de ces Amis du Seigneur, dont parle l’Évangile. Citons seulement, en les faisant suivre des paroles du Christ qui s’y rapportent, quelques paroles du Maître :
– « Je ne suis d’aucune époque ni d’aucun lieu ». (Ceux qui sont nés de l’Esprit, on ne sait d’où ils viennent ni où ils vont.)
– « Je participe consciemment de l’Être Absolu ; je n’ai qu’un Père et les rapports qui m’unissent à Lui sont mes secrets ». (Ceux qui n’ont pas repoussé la Lumière sont appelés Enfants de Dieu – St Jean.)
– « Quant au lieu et à l’heure où mon corps matériel se forma sur cette terre ; quand à la famille que j’ai choisie pour cela, je veux les ignorer ». (Les Enfants de Dieu ne sont pas nés de la volonté de l’Homme ni de la chair, etc.)
Bornons là ces citations. Nous devons retenir seulement que si quelque chose a tressailli en nous-mêmes, à la lecture de cette page admirable, si en la méditant, nous avons pressenti la Vie, c’est que Jésus nous a accordé le don merveilleux de Le comprendre un peu, de reconnaître Sa divinité, de croire en Lui. – C’est cela qui nous a permis de saisir l’élévation, la définitive et totale Splendeur de ces affirmations, absolument incompréhensibles pour tous ceux qui n’ont pas entrevu le sens profond de l’Évangile…
Mais si notre foi nous a ainsi éclairés, si elle nous a enseigné l’existence sur terre d’Amis du Verbe, vivants réceptacles des rayons de l’Esprit Saint. Si nous savons, qu’à l’exemple du Christ, venu en chair parmi nous, ces envoyés sont revêtus d’un corps semblable au notre, en apparence, et accomplissent leur mission dans le monde, tantôt ouvertement, tantôt cachés, la logique nous apprend que leur présence doit être incessante depuis 2000 années et que certains disciples doivent pouvoir, avec l’aide du Ciel, apercevoir leur trace dans l’histoire. Un disciple vrai sera-t-il autorisé un jour à effectuer cette recherche ? Je ne sais ; mais, en tous cas, on reconnaîtra toujours le Maître réel à ses œuvres, à ses paroles, à sa doctrine simple, vivante, profonde, toujours semblable à l’Évangile, quelque soit la Religion qu’il vienne ensemencer ou purifier.
Un livre a paru récemment (1) qui contient entre autres légendes juives un écrit intitulé : le Maître du nom, le Bal-Chem. En lisant cette histoire plusieurs disciples ont senti tressaillir leur cœur et ont revécu certains souvenirs brûlants. Sans vouloir pour des raisons de convenance et de respect, rechercher des bases de comparaisons à notre époque, il a paru vraiment curieux de reconnaître une identité presque complète entre les actes, les paroles, les miracles du Bal-Chem et ceux de Cagliostro et des Maîtres. J’ai personnellement trouvé dans une centaine de pages que comporte cette Légende, plus de trente similitudes, et j’ai cru intéressant de les signaler à nos Amis.
II
Israël, le futur « Bal-Chem » est né vers 1700 à Ukop, en Bukovine (2). Son père et sa mère moururent alors qu’il était en bas âge. Élevé par les habitants en souvenir de ses parents, il s’échappait souvent vers la forêt voisine. Il était sans aucun goût pour les études ordinaires. Animé du « souffle Divin, il n’avait pas besoin d’apprendre. Il ne travaillait que la nuit les textes sacrés ». Je pense que l’on doit voir là le symbole d’une étude plus mystérieuse, faite en Esprit.
Sa présence fut révélée en songe à un rabbi qui possédait des manuscrits rarissimes. Il envoya son fils à Ukop pour les remettre à celui qui prouverait sa qualité d’héritier spirituel et pourrait les expliquer ; ce que fit Israël. Le Bal-Chem quitta peu après le pays pour aller s’établir à Brody, où il s’entoura d’enfants qu’il aimait profondément. Il habita une maison hantée et quand il pris possession on aperçut un Cosaque gigantesque qui était appuyé au manteau de la cheminée. Il disparu devant le nouveau locataire. Ayant connu par révélation d’en haut sa future femme, il la retrouva et l’épousa malgré la volonté de la famille, qui forçat les nouveaux époux à quitter le pays. Israël dit alors à sa femme ces belles paroles : « Bien des épreuves nous attendent ; nous les endurerons ensemble ; nous gagnerons notre pain à la sueur de nos fronts. Toi, la fille d’un grand rabbi auras-tu le courage de faire face à l’avenir qui t’est réservé près de moi ? – Je n’en demande pas d’autre, dit-elle… »
Le couple mena alors une existence très dure dans les Karpathes ; puis en plein bois, dans une auberge tenue par sa femme.
Vers 42 ans seulement le Bal-Chem commence à réunir des adeptes, à enseigner, à faire des miracles et il meurt, âgé, après avoir perdu sa femme.
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(1) Israel Zangwill, Les Rêveurs du Ghetto, Ed. G. Crès & Cie.
(2) Ici le lieu de naissance et les parents du maître sont connus, au moins en apparence.
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