par Phaneg
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III
Nous allons maintenant examiner tour à tour ses miracles, sa doctrine, sa prière et sa mort.
Les amis et lecteurs de Psyché le savent : le miracle ne vaut que par la vie et la foi de celui qui le sème sur la route, comme des fleurs merveilleuses. Les récits de voyageurs et d’occultistes en Afrique, ne peuvent laisser aucun doute sur les Pouvoirs extraordinaires que procurent à ses adeptes l’Esprit du Mal… L’Évangile, les lettres de St Paul, donnent, du reste, tous les renseignements nécessaires pour discerner les vrais maîtres des faux. C’est parce que tout dans la doctrine et la vie du Bal-Chem est d’accord avec l’Évangile ; c’est parce que la Lumière des enfants de Dieu y brille constamment, que je crois à l’authenticité de ses miracles. C’est aussi parce qu’ils eurent de bons résultats sur ceux qui en furent témoins.
Laissons de côté l’action sur les animaux sauvages et les forces de la nature, relevons d’abord une manifestation éclatante d’un pouvoir que le Christ remit à ses Apôtres et à tous ses Amis Vrais ; pouvoir dont les effets ont pu être étudiés de nos jours : c’est celui de commander à l’Espace et au Temps. Tout est vivant, tout, dans le plan central de l’Univers, est un Être ; un ami de Dieu peut donc suspendre, diminuer ou activer l’action de ces deux créatures, le temps et l’espace, si lourdes et si dures pour nos corps. Des voleurs virent un jour dans les Karpathes, le Bal-Chem, s’approcher d’un précipice les yeux levés extatiquement vers le ciel. Alors qu’il allait tomber, la montagne d’en face parut se rapprocher et les deux sommets se réunirent, en apparence, pour le laisser passer. En réalité, l’espace entre les deux crêtes de la montagne fut un instant aboli et aucune période du temps n’étant plus nécessaire pour le franchir, le Maître se trouva instantanément où il voulait aller. Le résultat eut du reste été le même pour des espaces plus considérables. Deux fois encore, nous voyons se reproduire le même miracle : d’abord, le Maître traverse ainsi des fleuves, « en étendant son manteau sur les flots » dit la légende ; puis il se rend en une nuit, emmenant avec lui plusieurs disciples et un étranger, dans une capitale dont il était assez éloigné pour que huit journées fussent normalement nécessaires avec de bons chevaux.
Le deuxième fait extraordinaire a été également constaté de nos jours par des témoins dignes de foi. Un jour, un voleur des montagnes tenta de tuer le Bal-Chem, endormi. Une main invisible arrêta la hache et en frappa l’assassin jusqu’à ce qu’il tombât couvert de sang. Les Maîtres sont naturellement entourés de gardiens et, ceux-ci ne sont pas tendres pour ceux qui attaquent l’Envoyé de Dieu qu’ils ont charge de défendre…
Le Bal-Chem eut certes aussi le Don des Langues et il en mit en pratique une des formes les moins connues : il comprit le langage des bêtes, des oiseaux et des plantes. Il connut aussi les propriétés des herbes et des simples.
Jésus agit continuellement ; aussi l’activité de ses amis est également formidable et elle s’exerce dans toutes les parties de la Nature visible ou invisible. Comme ses prédécesseurs, le Bal-Chem délivra, dit notre histoire, les âmes de ceux que leurs péchés avaient changé en grenouilles, crapauds et créatures hideuses « dans les antres des montagnes ». – On sait qu’après la mort, le double peut prendre des formes animales en rapport avec les tendances mauvaises de l’être. Certes, cette affirmation demande à être prouvée expérimentalement, mais ceux d’entre nous qui ont étudié le spiritisme, il y a une vingtaine d’années, peuvent se rappeler entre autres faits un médium très curieux qu’on appelait le « médium au Loup ! » Cette femme, très sincère du reste, voyait à coté d’elle un loup qui reprenait forme humaine au fur et à mesure qu’elle lui donnait de bons conseils. C’est logique et très compréhensible pour ceux à qui le Ciel a permis de lever parfois un coin du voile…
Un autre pouvoir du Bal-Chem fut de préserver ses disciples du froid en touchant du doigt des arbres qui se mettaient à brûler sans se consumer (ordre donné à l’Esprit du feu).
Nous avons maintenant à citer en les résumant deux des plus éclatants miracles du Maître. Le premier pouvoir surtout, remis aux Apôtres et aux vrais Enfants de Dieu, la résurrection des morts, me paraît réservée aux seuls Êtres nés de l’Esprit et possédant la terre.
Je résume le récit qui en est fait (pp. 163-174) dans le livre de I. Zangwill.
Le jour même où le Bal-Chem parvenait dans la capitale dont il est question plus haut, une jeune femme mourut subitement au moment où, « sous le dais nuptial elle attendait les mots consacrés qui allaient faire d’elle la femme de l’homme le plus riche de la ville ». Le marié, désespéré courut à la recherche du Bal-Chem dont on lui annonça la présence. Le Maître se fit conduire près du corps et ordonna de creuser la tombe et d’y placer la jeune morte couverte de ses habits de noce. Là, s’appuyant sur un bâton, il se mit à la contempler longuement : « sa face rayonnait d’une divine lueur de pitié et son front se plissait comme pendant une grave délibération ». Soudain, le visage de la morte se couvrit d’une légère rougeur. Le Bal-Chem la fit rapidement enlever de la tombe et ordonna d’achever la célébration du mariage, qu’on le pria de conclure lui-même. Interrogée, après le repas de noce, la mariée raconta que sa tante, première femme de son mari actuel, avait fait jurer à ce dernier de ne pas l’épouser, elle jeune orpheline élevée dans sa maison ; mais le serment n’avait pas été tenu. C’était sur ces faits que se concentrait la pensée du Bal-Chem, tandis qu‘elle gisait dans sa tombe.
Les maîtres doivent en effet examiner les faits avant d’agir et ce droit de juger, d’écrire sur le Livre de Vie, leur a été donné par le Christ au moment de leur sacrifice. Mais, une fois que leur décision est prise, le miracle, quel qu’il soit, s’accomplit à l’instant.
La légende ajoute : « le Maître jugea que le serment avait été fait, contraint par la force et aussi par compassion ». C’est pourquoi il prononça les mots : « Achevez la célébration du mariage ».
Cette résurrection est à mon avis aussi belle que celles racontées dans les Actes des Apôtres.
Je voudrais commenter maintenant un autre fait, vraiment plein d’enseignement, mais qui demande à être expliqué. D’après la théorie émise au début de cet article, il y a toujours sur la terre un Être inexplicable, énigmatique, Ami de Dieu. Cet esprit, le plus vieux de la terre, peut naturellement revêtir toutes les formes, prendre tous les aspects, jouer tous les rôles d’après les époques où Il se manifeste : tantôt, comme Cagliostro, le Maître paraît très ouvertement et dans les premiers rangs de la Société, se servant, ainsi que l’explique Marc Haven, des idées dominantes des êtres sur lesquels Il veut agir, même si leurs tendances sont dirigées vers l’occultisme ou la magie ; tantôt, au contraire, il reste caché. Si nous admettons que le Bal-Chem a été la manifestation du même Esprit, dans la religion juive, en 1700, nous comprendrons aisément l’histoire suivante où, il a voulu combattre un magicien avec ses propres armes, dans le seul but, du reste, de lui donner la lumière et la preuve de l’existence de Dieu. Ajoutons que la magie était en honneur, et surtout parmi les kabbalistes juifs, encore plus au début du XVIIIe siècle qu’à la fin.
Je résume cette partie vraiment impressionnante de la légende que nous étudions.
Un soir, le Bal-Chem s’arrête avec ses disciples dans une auberge dont l’hôte est assis plein de tristesse dans une salle très éclairée où prient un grand nombre d’enfants. Interrogé par le Maître, l’homme l’informe qu’il a perdu quatre enfants sans maladie et toujours à la veille de la circoncision. Le Bal-Chem fait renvoyer les jeunes gens, installe ses disciples auprès du berceau du nouveau-né et monte à l’étage supérieur après avoir recommandé à ses amis de suspendre au-dessus de l’enfant un sac ouvert et de venir l’avertir si quelque chose y tombait. Vers minuit, en effet, les lumières s’éteignirent et un grand chat noir tomba dans le sac. Sur les ordres du Maître deux disciples fouettèrent vigoureusement la bête avec des bâtons… Puis le sac fut délié et jeté à la rue. Le lendemain le seigneur du village informé fit demandé l’étranger qui avait sauvé le fils de l’aubergiste. Le Bal-Chem introduit auprès du seigneur, celui-ci lui fait voir sa peau marquée de traces noires et lui dit :
– Tu te crois sans doute bien fort de m’avoir pris au dépourvu ?
– Que ne suis-je venu, dit le Bal-Chem avant que tu n’aies tué les quatre autres !
Un défi suivit ces paroles : la puissance du nom sacré contre la force magique… Et, un mois après, (sans doute pour des préparations indispensables) la bataille eut lieu dans une plaine. D’un coté le Magicien et ses adeptes ; de l’autre le Bal-Chem et ses disciples. Des cercles avaient été tracés des deux côtés, et le sorcier lança sans résultat, des tourbillons d’animaux sauvages, et des sangliers crachant des flammes, qui tous furent arrêtés par les cercles du Bal-Chem. Défait, le sorcier s’avance et dit : « J’ai fait tout ce que je peux faire. Je sais qu’un regard de toi peut me tuer. Je fais mes adieux à la vie. » Et le maître lui fait alors cette belle réponse : on se reconnaît sans erreur possible et le Pouvoir suprême remis par le Ciel à ses amis et la divine Pitié qu’ils ressentent pour le mal :
« Relève la tête ! Si j’avais voulu te tuer, tu ne serais plus depuis longtemps qu’une poignée de cendres sur le sol ; mais ce que j’ai voulu, c’est te prouver qu’au dessus de nous il y a un Dieu ! Lève les yeux vers le Ciel ! »
Et deux épines descendirent et s’enfoncèrent dans les yeux du mage noir… Il perdit la vue matérielle, mais obtint la lumière de l’Esprit. Je n’ajouterai qu’un mot à cette belle histoire : comment ne pas revoir une autre scène semblable qui s’est passée il y a plus de deux mille ans ? Comment notre cœur ne reconnaîtrait-il pas dans la parole du Bal-Chem, le pendant exact de l’apostrophe lancée par l’Apôtre Pierre au mage Elymas ? : « Homme plein de ruse ! Enfant du diable, ne cesseras-tu pas de traverser les desseins du seigneur ? Voici, tu vas devenir aveugle, tu seras privé pour un temps de la vue du soleil ! » Ah ! certes, c’est le même rayon de la Lumière éternelle, de la vie incréée qui descend à des moments différents du temps, dans le cœur de l’Apôtre et dans celui de l’Ami de Dieu ! – Béni soit le Christ qui a rendu le nôtre sensible à cette vérité, cachée probablement aux savants de ce monde !
Telles sont les principales manifestations de la puissance du Bal-Chem racontées par la légende que nous étudions : quelques guérisons physiques et morales complètent le tableau. – Recherchons maintenant dans la doctrine du Maître la preuve de la vérité surnaturelle que sa personne renfermait.
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