par Phaneg
La doctrine
Le Maître du Nom… Il y a, je pense, deux façons de comprendre la signification de ce titre étrange. L’une symbolique et magique, l’autre, mystique et réelle. Comme toujours la première n’est qu’un reflet plus ou moins net de la deuxième.
On connaît les enseignements du Talmud à ce sujet : au plus secret du Saint des Saints, le grand-prêtre prononçait le nom sacré de Jéhovah et des sonnettes d’argent garnissant le bas de sa robe tintaient à ses moindres mouvements, pour empêcher qu’un profane puisse entendre… On accusa Jésus de faire ses miracles par la puissance du Nom de l’Éternel ; se glissant un jour dans le temple, Il aura surpris la prononciation exacte du Nom… De même chez les Juifs Kabbalistes, cette découverte permet d’agir en maître sur la terre et au Ciel (p. 136). – Il n’y a pas dans cette théorie que symbolisme… Je possède des renseignements qui me permettent de penser qu’elle est magiquement exacte, mais que la puissance acquise par les adeptes de la Kabbale n’atteint certainement pas le Ciel, et ne dépasse pas les bornes de la Nature…
À mon avis, le vrai sens de cette appellation est mystique et divin. Pour s’en convaincre, il suffit de contempler en esprit les paroles du Christ, dans sa dernière prière : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu a choisis. Maintiens-les fidèles à ton nom ». Or, les êtres très saints, à qui Jésus a révélé ce mystère, ont en effet commandé en maîtres à la nature et aux hommes, et tout obtenu du Ciel… Voilà les vrais « Bal-Chem » dans le Passé, le Présent et l’Avenir…
Citons maintenant, en les faisant suivre d’un bref commentaire, quelques-uns des enseignements du Bal-Chem.
« On se trouve trop de science, il est peu de piété ! Ce sont les discussions sans fin qui retardent la fin de l’exil d’Israël. Satan écarte les Rabbis de tous les passages des Écritures qui pourraient répandre la vrai piété et le crainte de Dieu ».
L’homme n’a rien à gagner et tout à perdre, en effet, à s’efforcer de comprendre par le mental les grandes énigmes que son cœur seul peut entrevoir. Reconnaître sa faiblesse, ne pas chercher à solutionner des difficultés absolues, aimer la Vie et servir ! Voilà le vrai chemin vers la Vérité !
« C’est le plan de Satan, dit plus loin le Bal-Chem à une pauvre femme de mauvaise vie qu’il vient d’arracher au poignard de ses frères, c’est son plan de nous pousser au désespoir pour étouffer en nous tout élan vers le Divin. Votre péché a été grand, mais votre Père au Ciel vous attend. Cette minute de repentir vous ramène à Dieu. Désormais vous vivrez pure et sans péché ».
Quelle adorable miséricorde ! et quelle compréhension de la doctrine d’amour !
Et un peu plus tard, quelle profondeur dans sa réponse à un homme ayant bien réussi dans les affaires et s’écriant : Dieu est bon !
– Mauvaise réponse, David, Dieu serait bon même s’il te forçait à mendier ! – En effet, nier la Bonté du Père, quel que soit notre destin, c’est nier son existence, car si Dieu n’est pas toujours bon : Il n’est pas.
Et comme le Maître fait comprendre cette grande vérité que tout doit marcher sans cesse, et que c’est un tort de s’immobiliser dans la Loi et dans le monde – (p. 207).
Remarquons encore cette affirmation que l’on sent vrai : « Il n’est pas de sphère au Ciel où l’âme demeure moins longtemps que dans la sphère du Mérite. Il n’en est pas où elle réside plus longtemps que dans celle de l’Amour ».
Terminons enfin par les dernières lignes du Livre dans lesquelles le vrai disciple qui nous a raconté un peu de vie du Maître nous prouve qu’il l’a réellement compris : « l’homme vraiment grand n’est pas celui qui vit dans les palais, mais celui qui causant gaiement sur la place du marché avec ses semblables, humble, comme s’il était ignoré de tous, est illuminé du Feu Divin, de sorte qu’une lumière émane de lui par où les hommes reconnaissent la présence visible de Dieu ».
La prière
Je ne sais si jusqu’à présent j’ai réussi à communiquer à quelques lecteurs, la certitude si vive que j’ai ressenti en lisant cette histoire… en étudiant l’émotion particulière et si bien décrite qui s’est emparée du disciple à la recherche du Bal-Chem, au moment où il le rencontre :
« Alors, chanta dans mon cœur la divine certitude que j’avais enfin trouvé les eaux-vives et les prés verts…
« – Maître ! criai-je en saisissant et en baisant sa main…
« – Mon fils me répondit-il tendrement… » (p. 204). »
Pour moi, comme, je pense, pour quelques uns, cette page a fait revivre une heure si belle de ma vie… Mais, le silence seul peut ici célébrer dignement de tels souvenirs.
Si les Maîtres vrais peuvent être reconnus à leurs miracles et à leurs doctrines, c’est dans leur Prière qu’on peut davantage encore trouver la preuve de leur élévation. Et j’ai été heureux de reconnaître ici une telle certitude en étudiant les pages où la Prière du Bal-Chem est merveilleusement bien analysée.
Tout d’abord, comme son nouveau disciple s’étonnait de le voir s’isoler pour la prière à une heure indue, le Maître lui répond par une phrase analogue à celle du Christ disant que les rites sont faits pour les hommes : « Réglementez-vous donc les heures auxquelles un enfant parlera à son Père ? » La vrai Prière agit en effet en dehors du temps et de l’espace puisque son point de départ est le cœur de l’homme et son but, le Ciel. – Le Bal-Chem, Enfant de Dieu, n’avait pas à se préoccuper des rites extérieurs : Il était au-dessus de toute Loi.
Il faut maintenant que je cite en entier la description des changements que l’intensité de sa Prière apporte à l’aspect extérieur du Maître du Nom : « Son front ruisselait à grosses gouttes ; des larmes coulaient sur ses joues ; ses yeux levés devenaient vitreux et toute sa face rigide. Il me sembla qu’un nimbe entourait vraiment sa tête. Toute sa structure me parut grandie. Je détournai promptement mes regards de peur d’être frappé de cécité… »
Certes, les Maîtres ne doivent révéler qu’à de rares et très forts disciples, ces aspects merveilleux de leur union avec la Vie Absolue… mais chaque fois qu’ils prient en public on peut voir cependant quelque chose… Si on a les yeux ouverts…
Comme son disciple le supplie de lui révéler ce qu’il a contemplé pendant son « Ascension d’âme », le Bal-Chem « ne peut lui parler que de ce qu’il a vu en descendant vers les Paradis les plus inférieurs (c’est-à-dire en se rapprochant du créé). – Il a observé les âmes des vivants et des morts connus et inconnus de lui. Une joie régnait en ce lieu que le Verbe humain ne peut rendre. Les péchés de bien des pécheurs étaient remis, car c’était le temps d’une grande grâce ». Puis l’Esprit du maître monta de degré en degré jusqu’au Temple du Messie, et on lui fit connaître qu’il y a des réjouissances au Ciel quand, par l’enseignement, il réalise sur terre des unions célestes. On lui apprend aussi que le Messie viendra lorsque tous les hommes seront capables comme lui de réaliser des unions et des ascensions d’âmes. « Oh ! le jour merveilleux, s’écrie en finissant le Bal-Chem, où, le Mal à jamais chassé du Monde, Dieu ne fera qu’un avec son Œuvre ! – Qu’il vous vienne en aide (p. 215).
Le reste de la vision du Maître est indicible, car aucune explication ne peut en être donnée actuellement.
Remarquons seulement l’importance absolue donnée à l’Unification. Comme Jésus disait : « Mon Père, faites qu’ils soient un… »
Mais je m’aperçois qu’en voulant seulement attirer l’attention de quelques-uns sur l’histoire troublante de cette manifestation de l’Esprit au début du XVIIIe siècle, je me suis outre-mesure étendu et que j’ai dépassé les limites d’un article. Pour terminer je voudrais dire quelques mots sur la mort du Bal-Chem.
La mort
Sans qu’il soit utile d’insister beaucoup, tous les lecteurs comprendront que la mort des Maîtres doit rester encore plus entourée de mystère que leur vie. La légende du Bal-Chem est brève à ce sujet. Du reste, très peu des merveilles visibles et invisibles qu’il serait possible d’observer avant, pendant et après le départ de la terre de ces créatures extraordinaires, pourraient être écrites sans danger… Bien que sans en être digne, j’ai été passablement renseigné sur ce sujet, j’imiterai donc la réserve de notre auteur, et je me contenterai de citer les quelques lignes relatives à la mort du Bal-Chem (p. 219).
« Maintenant que ma femme est morte, moi aussi je mourrai, dit-il à son disciple ; sans sa foi en moi je n’aurai pu rien achever. – Les trois vertus présideront à ses derniers moments. Personne n’a affronté plus joyeusement l’Ange de la Mort ; personne n’a contemplé avec plus de ravissement l’absorption prochaine dans la divinité. Oh ! vanité, vanité. Oh ! vanité, soit maudite ! » Telles furent ses dernières paroles.
Seule, l’annonce de sa mort, pourrait nous permettre ici quelques développements ; mais le lecteur n’a-t-il pas déjà compris que depuis la victoire du Christ sur la Mort, cette créature ne pourrait agir sur un ami de Dieu sans Sa permission ?
Ici finit la légende si curieuse du Bal-Chem ; que nos amis la lisent avec attention et ils en tireront, certes, Lumière spirituelle et Consolation.
Le maître réel, ami de Dieu est "quelle que soit la religion qu'il vienne purifier ou ensemencer" en accord avec l’Évangile. C'est bien ce que je retiens de Phaneg et cela me rappelle le Tao te King : "Aujourd'hui, on manque de charité et par suite de courage ; on manque d'économie et par suite de générosité ; on refuse la dernière place et l'on perd ainsi la première. C'est la voie de la mort, certes ! Mais si l'on a pour arme la Charité, on est sûrement victorieux. Celui qui pratique cela est invincible, le Ciel le secourt et il est protégé par sa miséricorde" Lao Tseu
Rédigé par : Laurent | 21 janvier 2013 à 23:39