par Carel Vorstelman
Parmi la phalange de grands et petits occultistes et de mystiques du début de notre siècle se distingue Phaneg, Georges Descormiers de son vrai nom. Il cherchait la Vérité dans l’étude des sciences occultes et il fréquentait Papus. Un jour celui-ci le présenta à Monsieur Philippe, le Maître Spirituel. L’entretien ne dura qu’une heure mais fut lourd de conséquences pour Phaneg.
Monsieur Philippe lui conseilla de cesser ses études occultes en lui montrant que seul Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Phaneg fut convaincu et accepta de changer de chemin. Alors le Maître lui donna une double mission : propager l’enseignement du Christ par la parole et par la plume et guérir les malades qui viendraient sur son chemin.
Phaneg voulut se mettre au travail avec enthousiasme mais Monsieur Philippe estima qu’il n’était pas encore assez mûr pour accomplir une telle tâche et qu’il devait attendre. Sa préparation a duré plus de dix ans.
Dès lors il commença à recevoir des gens dans un souterrain à Paris où il enseignait la mystique chrétienne, expliquant les Évangiles selon les directives de Monsieur Philippe et citant les écrits de Sédir qui venait de publier ses trois premiers livres sur l’Évangile. En même temps Phaneg fondait pour ses amis la société « Entente Amicale Évangélique » et organisait des séances pour guérir et soulager des malades et des affligés. Il faisait tout cela en mettant les assistants le dos contre les quatre murs de la petite salle. Ils devaient se donner les deux mains, constituant ainsi une chaîne magnétique, Phaneg se tenait au milieu du cercle et faisait la prière, invoquant le Christ-Jésus et Lui présentant le mal dont chacun souffrait. Tout le monde sentait un courant frais qui circulait dans la salle, soulageant les affligés. Plusieurs furent guéris à l’instant. Phaneg fut aidé dans son travail par sa clairvoyance qui prenait pour lui la forme de la psychométrie. Il fallait lui tendre la main ; ce geste déclenchait sa voyance. Il en était de même pour chaque objet qu’il touchait. Alors il voyait toute l’histoire de cette objet, celui qui l’avait fabriqué, ses propriétaires successifs et tout ce dont cet objet avait été le témoin. Si on avait perdu un objet il suffisait de tendre la main à Phaneg et de penser avec concentration à l’objet. Phaneg vous disait alors tout de suite où il se trouvait. La petite salle souterraine où Phaneg opérait est devenue un de ces rares endroits du monde où la présence du Ciel était palpable.
Voici ce que Phaneg a écrit de son trésor spirituel : « Je peux attester que dans mon humble demeure peu connue, se répètent les enseignements simples et vivants des apôtres et leurs miracles : l’aveugle voit, le sourd entend, le paralytique marche. Ici tombent les écailles des yeux du corps et de l’âme. Ici se démontrent en tableaux lumineux perceptibles à tous les lois de la morale vivante. Dans cette salle simplement meublée, devant une assistance de pauvres gens, très humbles et très attentifs, on peut voir tous les miracles du Christ, y compris la résurrection des morts. Ici enfin, on peut entendre encore la parole divine : Aimez-vous les uns les autres, et, si quelque assistant enthousiaste témoigne d’une admiration excessive, résonne de nouveau dans l’atmosphère seconde, les mots de Jean et de Pierre : « Moi, Phaneg, je ne suis qu’un homme, je ne peux rien, ce n’est pas par mon pouvoir que les malades guérissent ; mais par le Ciel seul. » Phaneg fut profondément chrétien. Voici ce qu’il enseignait : « À quoi reconnaître le mystique vrai, outre sa passion de la charité ? À sa croyance en la divinité de Jésus, divinité unique et non d’évolution, à sa charité active et à son humilité intérieure. Ensuite de demeurer en paix avec les hommes, les animaux, les plantes, les pierres, les objets, les événements, le temps, les idées, les passions. C’est les recevoir tous avec un sourire. C’est l’empire sur soi-même le plus constant, le plus serein, c’est le retour au bercail d’un troupeau nombreux dispersé. »
Le mysticisme n’est pas seulement une méthode de contemplation et d’extase. Phaneg enseignait que c’est encore beaucoup d’autres choses. Par exemple que, dès qu’une créature se remet, du fond du cœur, entre les mains du Père, ses voies sont changées. Ses travaux qui varient suivant ses facultés et les besoins de l’évolution générale, sont conduits pas à pas par des agents spirituels spéciaux, remplaçant les guides ordinaires dont chaque homme est pourvu selon sa profession et ses aptitudes. La voie mystique conduit directement au plan divin, au Royaume de la Miséricorde et de l’Amour.
À certaines âmes, uniquement assoiffées d’Absolu, la science ne suffit pas ; la religion est trop prudente, l’ésotérisme trop compliqué. Elles pressentent une science des sciences, une religion des religions, une initiation dont tous les collèges secrets ne donnent que les débris corrompus. Il existe une méthode de savoir par laquelle l’homme se relie immédiatement au Père, une initiation accessible gratuitement qui nous revêt du pouvoir suprême : se faire écouter de Dieu. Il faut appendre à vivre en Dieu, s’attacher à Dieu. Quant aux forces mystiques, ce seront tous les secours que Dieu nous envoie directement, expressément parce qu’il nous est impossible de mener seuls le travail qu’il nous demande. Le dispensateur unique en est Celui qui se fit connaître comme Jésus de Nazareth. Les procédés d’appel de ces forces sont tous indiqués dans l’Évangile et ne se trouve que là. L’œuvre littéraire de Phaneg s’appelle Après le départ du Maître. Ce livre est plein de souvenirs de Monsieur Philippe et il contient en même temps une étude très spéciale des Actes des Apôtres. Par cette étude Phaneg nous permet de reconnaître par la lumière de l’Amour des faits identiques à ceux dont certains ont pu être témoins, et d’apercevoir, à leur maximum, la réalisation des pouvoirs conférés par Jésus à Ses premiers Amis, et leur similitude avec ceux qu’il a continué d’accorder à Ses vrais disciples.
Lorsque le livre, maintenant introuvable, parut à Paris en 1922, Phaneg écrit encore : « Les seuls documents que j’ai consultés, on ne les trouvera pas sur ce plan ; ils sont en moi-même ; je n’ai pas ouvert un seul livre. J’ai seulement tenté de percevoir le plus profondément possible le côté surnaturel des actes et des paroles des premiers disciples du Christ. J’ai recherché avec soin, toutes les preuves de la grandeur des Apôtres après la réception de l’Esprit-Saint. Je me suis efforcé de lever, pour quelques uns, un coin du Voile qui dissimule aux yeux de tous, les rares Amis de Dieu en mission sur la terre. »
Note : Carel Vorstelman a raconté comment il avait connu Phaneg : « Comment suis-je venu à Sédir ? – Simplement parce qu’une dame que je voulais visiter, à Paris, oublia de me téléphoner qu’elle ne pouvait pas me recevoir ce jour-là, parce qu’elle devait assister à une causerie sur des choses spirituelles. Quand je fus arrivé chez elle, elle me proposa de l’accompagner. Le conférencier était Phaneg, qui avait connu M. Philippe et Sédir. J’ai accepté, et cela a changé ma vie. »
Bulletin des Amitiés Spirituelles, juillet 1985, pp.11-13
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