par Chappuis
Peu d'espace entre ces deux écrans publicitaires. L'amplitude des oscillations entre ces deux sphères de pouvoir est faible ; le large pont qui permet de passer de l'une à l'autre draine les foules, poussées tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. À se demander si ces deux royaumes n'existent pas pour mieux se partager le troupeau dans lequel nous bêlons bien souvent. Seule la vigilance nous invite à nous réveiller avant que le flot migratoire nous écrase.
Les religions ne sont qu'œuvre d'hommes en toute logique et non œuvre divine. Nous pouvons trouver chez plusieurs auteurs comme Sédir, A. Savoret, Lopoukine ou d'Eckartshausen, et d'autres, de belles pages sur ce que pouvaient être les relations entre les hommes et Dieu nous faisant rêver sur ce qu'elles devraient être actuellement ; nous y trouvons un écho à nos espoirs. Il nous plaît d'entendre A. Savoret nous dire que chaque race a reçu « l'Envoyé Divin qui lui était propre [...] lui donnant ses principes spirituels et sa structure sociale » (1). Il nous plaît d'entendre d'Eckartshausen nous dire qu'« une communauté de la lumière existe depuis le premier jour de la création du monde ».
Et la Chute est brutale quand de retour dans nos sociétés nous ne pouvons que constater qu'un jour les religions apparaissent toutes, quelles qu'elles soient, dans les mains des hommes pour assouvir leur avidité de pouvoir. En leurs noms respectifs on enrégimente, on assassine. Notre seule histoire occidentale est bien présente à nos mémoires pour nous montrer au travers des siècles le pouvoir exercé par elles sur les hommes. « Épouvantable, atroce est la pensée des flots de sang versés, des tortures endurées depuis les temps primitifs jusqu'à nos jours au nom de ces deux mots : le Dogme, la Foi ! » (2)
J'entends déjà des voix s'exclamer sur les ondes rendant un culte au fatum d'une soi-disant volonté divine, comme si l'on rendait responsable Dieu Lui-même de l'état de choses alors que l'on n'a qu'à s'en prendre à nous mêmes, à nos pelures d'oignons plaquées sur nos yeux nous empêchant de percevoir cette Lumière offerte à Ses enfants de la part d'un Dieu aimant. Au fond Il nous laisse agir, nous dépatouiller dans nos complexités, sans toutefois nous perdre de vue. Cette « permission » divine nous rend apte parfois à réaliser Sa Volonté.
Entre ces deux casernes où religion et idéologie recrutent, un espace de Liberté, infini, car non commensurable ; mais la peur nous saisit à chaque fois que mous voulons tenter d'y poser le premier pas. La peur de l'inconnu, de se débarrasser de toutes ces peaux mortes qui nous ont bien protégés des intempéries certes !
Cette porte étroite – sa dimension ne dépend elle pas de nos propres craintes ? –, ne nous a-t-elle pas été ouverte il y a 2 000 ans ? Sédir, dans une plaquette intitulée « La Vraie Religion » nous parle de cette « Vraie Religion, la réelle, celle qui préexiste à toutes les religions, qui coexiste avec toutes, qui subsiste après toutes : cette Religion de l'Esprit, dont le Christ fut le premier à nous instruire. » Et d'Eckartshausen ajoute que sa « destination la plus sublime est d'unir les hommes à Dieu en Esprit et en Vérité ».
Marc Haven, dans son article cité plus haut évoque ce qu'est pour lui l'homme à « l'esprit religieux ».
Mais alors qu'elle est-elle cette Vraie Religion ? Quel est cet esprit religieux ?
(1) Savoret, Visage du druidisme.
(2) Marc Haven, l'Homme des hauteurs et les hommes du torrent.
Commentaires