par Marane
Du temps s'est écoulé, depuis le jour où, à l'âge d'à peine vingt ans, j'ai fait une certaine rencontre.
J'étais à l'âge douloureux, où l'on prend conscience de la laideur du monde, de ses hypocrisies, de ses mensonges, de ses lâchetés, de ses trahisons. J'avais la sensation d'étouffer, d'être abandonnée, sans réponses à mes nombreuses questions.
« Qui suis-je ? Doit-on toujours rester seule ? Et si la vie n'était qu'un rêve ? Je me sens bizarre, suis-je devenue folle ? Cette vie artificielle ne me convient pas, je me sens mal dans ma peau, une impression de néant et de dégoût m'envahit. Des moments d'exaltation et de dépression se succèdent. Cette vie qui m'attend et que j'ignore, quelle décision prendre, pour aller où ? Suis-je abandonnée ? Je pousse un long cri de désespoir, que la société ne peut comprendre. J'ai soif d'eau fraîche, de sources vives et de cascades. J'ai soif de liberté, de partage... Que faire ? »
Voilà quelles étaient mes délires et mes angoisses d'alors. Jusqu'au jour où j'ai fait une certaine rencontre.
Quelqu'un s'est présenté dans ma vie, « par hasard » ou parce que j'ai crié assez fort mon désespoir ? Rien d'extraordinaire, ce n'était ni un mage, ni un gourou, simplement un homme ordinaire, mais quelque chose de particulier l'éclairait et j'ai été sensible à cette lumière, à laquelle j'aspirais de toute mon âme. Que m'a-t-il dit ? Je ne saurais répéter ses paroles, je sais seulement que je les ai bues et qu'elles ont apaisé ma désespérance. C'était l'éclairage que mon être intérieur attendait.
Il a répondu aux questions essentielles et existentielles que je me posais alors. Mais que m'a-t-il donc dit ? Cette phrase, que je n'oublierai jamais : « Nous n'avons qu'un seul Maître, c'est le Christ, et Son message est : Aimez-vous les uns les autres ».
Cette phrase, par quel mystère je l'ignore, eut le mérite de balayer tous mes doutes. J'écris alors dans mon petit carnet de l'époque :
« Comme la vie est curieuse et nous révèle bien des surprises. J'ai été exaucée, je vis des heures inoubliables, Dieu existe. Mes problèmes existent encore, mais je sais comment les prendre. Je suis estomaquée par ce qui m'arrive, je sens une fatigue intense m'envahir. Quelque soit l'être qui m'a parlé, je lui en suis reconnaissante éternellement. Il m'a servi de catalyseur. “Aimez-vous les uns les autres”, ceci est la clé de tout. »
C'était vraiment « la » clé ! Elle a ouvert la porte de cette partie de mon être reliée à Dieu, mais restée anesthésiée jusqu'alors.
Pourtant, curieuse et assoiffée de connaissances, j'avais fait quelques recherches à ma façon, mais aucune en fin de compte, ne m'avait enlevé mon mal être. Je pressentais qu'il y avait des vérités dans la civilisation antique de l'Égypte, et de la Grèce, sa disciple. J'avais survolé les différents bouddhismes et je projetais même, j'avais alors douze ans, d'imiter Alexandra David-Neel et de partir en expédition pour le lointain Tibet. Je cherchais inlassablement des clés pour comprendre le sens de ma vie. Chacune de mes recherches m'avait livré sa recette. Les Égyptiens s'étaient construits « une double vie » dans l'invisible, mais ce n'était pas très tentant, pour une jeune fille de la fin du XXème siècle qui avait envie de vivre ! Le Bouddha, lui, avait trouvé comment sortir de ce cycle infernal des réincarnations. C'était un réel problème à résoudre, mais ce nirvana m'apparaissait bien lointain, et que d'exercices à faire, pour renoncer à tout et avec mon côté sceptique, pour aller où, en définitive ? Je n'étais pas prête ou pas faite pour ce genre d'expériences.
Ma rencontre avec F. n'a rien été de tout cela. Tout avait le mérite d'être simple, accessible, sans préalable requis. Une initiation ouverte à tous, en quelque sorte, comme si la venue du Christ avait rendu caduque tout le reste. Il suffisait d'un peu de bonne volonté. Pas d'exercices particuliers, la seule prière qu'Il nous a donné, le Pater, était suffisante pour accéder à l'essentiel et être entendu du Ciel.
Un renoncement à quelque chose ? Pas vraiment. Juste accepter de vivre sa vie, comme elle se présente à nous et essayer d'agir avec bonne volonté, en s'en remettant au Ciel.
Ne pas s'en faire, ne s'en croire, ne pas s'en f... ! Tout un programme qui tient la route, malgré son apparente désinvolture.
J'avais envie de vivre, sans m'encombrer de « meubles inutiles », j'avais envie d'un lien direct, sans passer par un tiers. J'avais envie d'être libre, sans rites particuliers, sans religion particulière. Il me suffisait d'être ouverte à tout ce qui se présente et d'y répondre, en étant reliée en permanence au Ciel, ceci grâce au Christ.
Je me suis parfois égarée dans quelque méandre, mais très vite, j'ai été remise dans le sens du courant, c'est tellement plus simple pour naviguer !
C'est une école de souplesse de l'esprit, où on ne se gonfle pas d'importance, on fait ce qui est à faire et après, on passe à autre chose !
Avec un peu de patience, on finit par comprendre le sens profond de notre vie et les « miracles » qui l'accompagnent. On finit par comprendre cet immense privilège d'être associé à notre Maître qui nous précède et nous accompagne, en particulier, là où les chemins sont plus ardus.
C'est une école de vie, ou plus juste, c'est l'école de la Vie présentée par Le plus grand et Le plus petit d'entre nous. Ce que nous apprenons, nous l'apprenons au travers de cette vie qui est la nôtre, au milieu de tous, au fur et à mesure de nos besoins.
Bonjour Marane,
Quelle admirable façon de décrire ce « sentier » chrétien d'occident que j'ai mis une douzaine d'années à re-trouver, un chemin spirituel magnifique situé hors des routes mystiques habituelles, une voie faite pour ceux qui n'ont pas trouvé d'écho dans les institutions religieuses ou initiatiques si belles soient-elles. Dieu n'oublie aucun cœur et nous envoie ses messagers en temps et en heure, où que l'on soit. Les âmes éprises d'eau vive, de simplicité, de justesse mais aussi de liberté sauront reconnaître dans ce petit texte ta sincérité et la grandeur de cette « école de la vie » quotidienne que tu cites et qui me fait penser à cette discrète mais réelle école dont parle d'Echartshausen dans ses lettres... Merci pour tes mots justes et rafraichissants.
Rédigé par : Cornélius | 06 décembre 2009 à 12:31
Une belle et rassurante expérience qui démontre la possibilité d'une vie chrétienne au quotidien. Une preuve aussi qu'il existe en occident et en France, une authentique spiritualité mystique dénuée de l'exotisme et du charme des diverses pratiques orientales qui ne correspondent pas, je pense, à nos modes d'existence actuels.
Merci de ce temoignage miraculeux.
Rédigé par : Joseph | 11 décembre 2009 à 18:15