par Laflèche
Le miracle mozartien :
une musique au-delà du temps...
– Votre musique est une expression de ce fluide, précisa-t-il. Plus elle sera en harmonie avec lui, plus elle lui servira de véhicule, plus vous toucherez les esprits et les cœurs. Ainsi, Wolfgang, contribuerez-vous de manière décisive à l’équilibre de notre monde. »
La musique de Mozart aurait-elle un effet particulier sur nous tous ? Il semblerait bien y avoir un « effet Mozart ». Des expériences sembleraient prouver que l’exposition à la musique classique stimule et renforce les aptitudes mathématiques, verbales et visuo-spaciales des personnes. La musique de Mozart s’inscrit dans cette dynamique et semble receler encore bien des surprises.
Le neurologue Oliver Sacks relate dans son livre Musicophilia les expériences suivantes :
Au début des années 1990, Frances Rauscher et ses collègues de l’Université de Californie ont conçu une série d’études visant à vérifier si l’écoute d’une musique peut modifier ou non les facultés cognitives non musicales : ils ont publié plusieurs articles soigneusement documentés dans lesquels ils ont signalés que l’écoute de Mozart (comparée à celle d’une musique « relaxante » ou à du silence) avait amélioré temporairement le raisonnement spatial abstrait d’un groupe de personnes-cobayes.
D’après le chercheur Didier Raymond, la musique de Mozart est la plus silencieuse ou non-verbale des musiques existantes ; sans évocation sentimentale ni visuelle, sans idée ni vision du monde, sans référence à du passé, sans point d’appui ou repère autre que musical. Du non-verbal à l’état pur. Dans les opéras, la musique s’éloigne du livret, elle n’endosse pas la signification des paroles au premier degré. Une sorte de loi des contraires. Sa musique exprime autre chose que les signes musicaux connus et exploités.
Des neurologues se penchent actuellement sur l’effet de la musique sur le cerveau. Parmi ces chercheurs, certains ont trouvé une similitude entre la disposition des cellules nerveuses en colonne dans le cortex cérébral et l’architecture de la musique de Mozart. On trouve en effet dans sa musique une allure déliée avec coulée fluide, sans aucun signe de monotonie, ainsi qu’une grande mobilité de gerbes sonores avec modulation d’environ 120 pulsations à la minute. Les recherches de Rauscher et Shaw nous disent : la musique de Mozart, même les opéras, ne perturbent jamais les processus verbaux et séquentiels de l’hémisphère droit. Il est donc indiqué de faire entendre Mozart chez les enfants pendant n’importe quelle activité.
Plusieurs chercheurs en France et dans d’autres pays ont mené diverses expériences qui consistaient à isoler des groupes de personnes en train d’effectuer diverses tâches intellectuelles, les unes sans musique, les autres avec du Mozart en fond sonore. Les résultats intellectuels avec l’accompagnement musical dépassaient toujours ceux du groupe sans musique.
Des études sur des enfants scolarisés ont démontré des résultats, selon les cas de 20 à 40 % supérieurs en rapidité et en efficacité avec l’écoute de Mozart. Des drôles d’expériences se sont déroulées avec des vaches qui, sous écoute mozartienne ont obtenu un rendement de lait nettement supérieur.
Cinquante ans auparavant le Professeur Alfred Tomatis expérimentait l’écoute de Mozart (sous casque et avec des filtres) dans des cas de dyslexies, d’enfants en retard scolaire et même d’autismes ; autant d’enfants ou de personnes adultes qui retrouvaient un équilibre à la suite d’écoutes prolongées de certaines œuvres de Mozart.
Le professeur Tomatis disait bien avoir tenté des soins avec la totalité des musiques du monde, bien que beaucoup soient merveilleuses et œuvres de différents génies, mais comme il fallait, dans un cadre thérapeutique parer au plus pressé, aller au plus vite, il avait choisi Mozart dont les effets curatif et dynamisant s’avéraient les plus rapides sur les personnes.
Mozart favorise un retour à l’émerveillement qui était dominant chez lui et qui passe par sa musique et améliore l’écoute chez celui qui se « nourrit » de sa musique. Il y a dans la musique de Mozart quelque chose de simple à écouter, accessible à tous. Il n’y a pas de cassure dans la forme qui puisse nous désorienter, nous choquer. Avec Mozart, tout cela coule, ne nous lasse pas. Il est possible de réécouter une œuvre de Mozart des centaines de fois et d’avoir l’impression d’y découvrir du neuf. Par quel mystère cette musique s’accommode-t-elle de n’importe quelle situation ? Je veux dire : la musique de Mozart vibre à son aise dans les palais, à la ferme, en Amazonie, au sommet d’une montagne, dans une banlieue. Il faut faire l’expérience ; écoutez-le où vous voudrez et à n’importe quelle heure. Son écoute ne sera pas choquante, ennuyeuse, décalée avec son environnement.
Alfred Tomatis développe dans un livre qui s’intitule Pourquoi Mozart, son admiration pour le génie de Mozart. Il nous dit :
« Toute mesure qu’il a écrite est une signature, un stigmate typiquement mozartien. Il a en lui, en son phrasé, en la recherche de ses rythmes, en ses séquences, tout à la fois une rectitude et une liberté qui nous permettent de respirer, de penser avec facilité. Il règne dans ses œuvres un sentiment de sécurité permanente. Il n’y a pas de moment insolite. Tout est lié, avec l’enchaînement d’une pensée qui s’exprime sans heurt et sans surprise ».
– Don Juan prend toute mon énergie. Le premier acte mené à terme, je me sens prêt à écrire le second.
– Comment parviens-tu à créer des œuvres d’une telle ampleur ? s’étonna Stadler.
– Lorsque je suis en forme, et en bon état physique, ainsi dans une voiture en voyage ou en me promenant après un bon repas, ou la nuit si je ne parviens pas à dormir, c’est alors que les idées me viennent à torrents. Je garde celles qui me plaisent, je les fredonne. Si je m’y attache, je vois peu à peu comment m’y prendre pour en faire un bon pâté. Mon cerveau s’enflamme, surtout si on ne me dérange pas. L’œuvre est achevée dans mon crâne, je peux embrasser le tout d’un seul coup d’œil comme un tableau ou une statue. Quand j’arrive à entendre ainsi la totalité assemblée, c’est le meilleur moment. En te parlant, mon Frère, je ressens le second acte de Don Juan.
Bibliographie :
Jacq, Christian, Le Grand Magicien, Pocket.
Sacks, Oliver, Musicophilia, Le Seuil.
Tomatis, Alfred, Pourquoi Mozart ?, Fixot.
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