par Chappuis
Voilà un ouvrage qui devrait être entre les mains de tout prétendant mystique. L’auteur, en pédagogue hors pair, en plus de nous éclairer sur les aspects de la psychologie jungienne, nous clarifie la voie qui s’offre au mystique du XXIème siècle au travers de la pensée de Jung.
S’offre ainsi à lui – l’homme tout simplement sans qualificatif –, loin des sentiers battus et rebattus de l’occultisme et ses méandres, loin d’une Imitation de Jésus-Christ avec ses rêves d’un autre Âge, l’incarnation au temps présent de « sa totalité », la possibilité de développer « une attitude religieuse conforme à [soi]-même, (…) absolument sans rapports avec toute question de confession ou d’appartenance à une église ».
Cette attitude religieuse est développée par la définition que Jung donne au mot religion qu’il fait dériver, non de religare (relier) mais de religere, définit comme le fait de prendre en considération, avec conscience et attention.
Le mystique occidental est celui qui se frotte à la vie du temps présent, donc différent de celui de Thomas a Campis. « La nouvelle voie occidentale doit donc être exempte de toute forme de maîtrise ou de refoulement des réalités intérieures comme extérieures (…) [L’homme] occidental a donc à réaliser un projet spirituel qui est motivé par son besoin d’un retour à sa nature intérieure », c’est-à-dire à ce qu’il est dans sa totalité. Ce projet n’est pas une fusion, une dissolution dans un magma divin, mais la reconnaissance de cet être que nous sommes, et enfant de Dieu nous nous devons de Lui rendre hommage pour ce qu’il a fait et ce qu’il fait de nous.
« Car celui qui a trouvé son sens propre n’est plus propice à s’assujettir à aucune idéologie : il a trouvé son sens, il n’a donc que faire des autres sens qu’on voudrait lui vendre comme des idées chères [auxquelles] il faudrait s’attacher. »
Dans notre temps la mystique devient laïque et un des gros travaux de l’homme est de se débarrasser de toutes les images pieuses accumulées dans son esprit par des générations d’endoctrinés. À bien lire Sédir nous devons aussi lui reconnaître cet aspect, difficile à faire émerger dans un début de XXème siècle qui pourtant accédait à la séparation de ce qui appartenait à chacun des Césars – l’église et l’état –, pour enfin avoir accès à ce qui était à Dieu.
Note : les citations sont de Jung ou de l’auteur du livre.
L'approche de Jung est profonde, et la raison d'une profondeur, c'était sa soif de vérité qui ne se satisfaisait d'aucune réponse toute faite. De tels hommes existent-ils encore de nos jours ? Sans doute, mais ils sont extrêmement rares, et en premier lieu parmi ses continuateurs ou les héritiers de sa pensée. A la fois, je me réjouis qu'on tente de montrer l'apport de Jung au mystère du divin - peu importe le nom qu'on lui donne - et en même temps, je me demande combien n'y chercherons pas une satisfaction intellectuelle, mais entrerons dans le mystère évoqué : l'homme passe l'homme.
Rédigé par : Cédric | 11 septembre 2014 à 14:54