par Khalil Gibran
Et un adolescent dit, Parlez-nous de l’Amitié.
Et il répondit, disant :
Votre ami est la réponse à vos besoins.
Il est votre champ que vous ensemencez avec amour et moissonnez avec reconnaissance.
Et il est votre table et votre foyer.
Car vous venez à lui avec votre faim et vous le recherchez pour la paix.
Lorsque votre ami révèle sa pensée, ne craignez pas le « non » de votre propre esprit, ni ne refusez le « oui ».
Et lorsqu’il est silencieux votre cœur ne cesse d’écouter son cœur ;
Car en amitié, toutes pensées, tous désirs, toutes attentes naissent sans paroles et se partagent dans une joie muette.
Lorsque vous vous séparez de votre ami, vous ne vous affligez pas ;
Car ce que vous aimez le plus en lui peut être clair en son absence, de même que pour l’ascensionniste la montagne est plus nette vue de la plaine.
Et qu’il n’y ait pas de but dans l’amitié sinon l’approfondissement de l’esprit.
Car l’amour qui cherche autre chose que la révélation de son propre mystère n’est pas de l’amour mais un filet jeté : et seul l’inutile est pris.
Et que le meilleur de vous-même soit pour votre ami.
S’il doit connaître le reflux de votre marée, qu’il en connaisse aussi le flux.
Car à quoi bon votre ami, si vous le cherchez afin de tuer le temps ?
Cherchez-le toujours pour les heures vivantes. Car il lui appartient de combler votre besoin, mais non votre vide.
Et dans la douceur de votre amitié, qu’il y ait le rire, et le partage des plaisirs.
Car dans la rosée des petites choses, le cœur trouve son matin et sa fraîcheur.
Khalil Gibran, Le Prophète, Casterman, 1956, pp. 58-59
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