par Rubys Botréas
Notre existence est faite de rencontres que le temps érode pour n'en plus laisser que des souvenirs lointains. Ce ne sont là que rencontres de circonstances. Celle que je souhaite vous faire partager est plus personnelle, plus intime. Je suis convaincu que parfois une telle rencontre se présente à chacun, sans que nous puissions en réaliser tout ce qu'elle fait naître au fond de notre être.
J'étais comme le randonneur qui s'arrête au bord d'un chemin pour prendre un peu de repos. Soudain un parfum vient aiguiser son odorat, une fleur discrète, cachée par les hautes herbes, manifeste sa présence. Il s'allonge là, les yeux dans le ciel, profitant de l'instant pour recueillir toute l'essence de cette rencontre. Cette fleur lui offre son parfum, sans se demander si celui qui le reçoit en est digne. Il font tout deux ce qu'ils ont à faire, donnant le meilleur d'eux-mêmes.
L'ami que j'ai rencontré ne se préoccupait pas de donner des leçons, des conseils. Jamais je ne l'ai entendu dire du mal de quelqu'un, encore moins le juger. Il était simple et près de lui on se sentait meilleur. Combien de fois suis-je allé à sa rencontre pour lui demander conseil et arrivé chez lui, je remettais toutes mes questions dans ma poche, leur trouvant quelque chose d'inutile. Et bien sûr, sur le chemin du retour, les réponses à mes questions me devenaient évidentes.
Chez lui, « le je habitait la maison du silence », ses paroles avaient une telle résonance en moi qu'il me semblait les avoir entendues déjà. Je suis sûr que nul « ne peut rien vous révéler sinon ce qui repose à demi-endormi dans l'aube de votre connaissance ». Il ne m'a jamais donné sa sagesse, ni son savoir, « mais m'a conduit plutôt au seuil de mon propre esprit » ; « en me donnant sa foi « et sa tendresse. « En amitié, toutes pensées, tout désir, toutes attentes naissent sans paroles et se partagent dans une joie muette ».
Lorsqu'il parlait de son Maître le Christ, je sentais tant de vérité, tant de force, tant de vie dans ses paroles quelles faisaient naître en moi la présence de l'amour. Voilà celui qui ne se voulait être ni mon guide, ni mon Maître, mais simplement mon ami. Il m'a conduit au seuil de cette demeure qui se nomme le cœur là où habite le maître de la vie.
Les citations sont toutes extraites d'ouvrages de Khalil Gibran.
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