par Rubys Botréas
Dans Mystique Chrétienne Sédir nous décrit la confiance en Dieu du mystique. Son style nous décrit des paysages qui nous sont inconnus, ses phrases font défiler des images qui éveillent une émotion qui nous semble familière ; bien vite la réalité nous rattrape et nous place devant notre impuissance à garder le cap. Il nous montre la dualité que nous vivons, en mettant l’accent entre l’homme extérieur et l’homme intérieur, notre inconnu, l’utilité de l’un et la nécessite de l’autre. Et il écrit cette phrase qu’il précise avec sa conviction habituelle : « Mais l’homme possède la terrible faculté de se soustraire à l’efficace de cette présence pénétrante, parce qu’il est libre et que Dieu ne veut pas, sous aucun prétexte, lui retirer ce don insigne. » (1)
Pour justifier son propos, il nous lance cette recommandation : « Faites l’expérience. Retirez, pour quelques jours votre confiance de la forme particulière d’idéal où jusqu’ici vous l’aviez placée. Faites peau neuve pour quelques jours ; installez en vous un autel nouveau. Tournez-vous vers ce Christ avec force et abandon, je vous proteste qu’il ne manquera point à ses promesses. » (2)
Même si ces lectures hissent mon sentiment d’un étage, je me sens comme l’enfant qui regarde a travers le trou d’une serrure, ma vision reste réduite. Cet état de confiance, je ne peux pas, pour l’instant, le vivre avec un tel abandon. Il ne peut pas s’acquérir de façon directe, le terrain doit-être préparé.
Alors j’imagine avec conviction, que si le créateur n’avait pas confié à l’homme le germe de cette confiance, fondement même de son libre arbitre, cette œuvre merveilleuse qu’il a accomplir, il ne pourrait jamais envisager atteindre tous les aspects de son inaltérable devenir.
Quelle signification le dictionnaire nous donne du mot confiance ? « Composé de com, cum “avec”, adapté du vieux Français fiance se fier à quelqu’un ou à quelque chose. A donné fiancé, fiançailles qui désigne une forme de rattachement, un aspect d’union. Dérivé du latin fidum “foi” dont son équivalent savant est confidence. » (3) C’est dire la richesse et la complexité de ce terme.
Le chemin de l’existence peut nous paraître plus ou moins long, mais je le crois insuffisant en une seule réalisation. Ce qui me conduit à la certitude que l’homme doit vivre plusieurs existences pour se réaliser. La confiance étant un point important et nécessaire à son devenir. La mort n’est qu’une transformation qui permet de conclure une étape. Ce qui peut nous laisser supposer que la vie est divine, l’existence est humaine.
« Chaque personne nait comme un individu unique en son propre droit. Cette différence permet à chaque individu en conscience de se découvrir avec ses qualités et ses défauts. L’acceptation de ces deux constats donne à chacun la possibilité dans la connaissance de soi pour travailler à sa propre amélioration. » (4)
Nous n’imaginons pas à quel point l’accueil d’un enfant dans son foyer est important, pour le placer déjà dans une position à recevoir plus facilement une sensation de confort et de sécurité qui l’initie dès le premier âge à la confiance en l’autre.
Bien se connaître pour mieux vivre. Nous avons pour cela besoin d’une perception nouvelle, la lucidité, cette prise de conscience nous aidera à porter sur nous même un éclairage nouveau. Découvrir ses limites pour apprendre à les dépasser, comprendre qu’une part de lumière nous habite, c’est accepter la part d’ombre qui réside en chacun de nous. C’est aussi comprendre que l’un nourrit l’autre, sans lequel ils ne peuvent-être. Les deux unis en Dieu, le Père réalise l’homme accompli.
Avec ce nouveau regard il nous sera plus facile, de trouver au fond de notre cœur l’aide nécessaire dont nous avons tant besoin et de mieux voir où se nichent nos difficultés pour les transformer en réussites.
Du conformisme nous devons accéder à l’autonomie. Pour soutenir ce défi, l’homme doit retrouver ses émotions véritables, sa liberté d’action pour agir, à condition de faire la différence entre, la négation et l’expression incontrôlé de celles-ci.
« Bien loin de nous enchaîner nos émotions sont les garantes de notre autonomie. La tête et le cœur doivent apprendre à ne plus se faire la guerre. Inutile d’accuser la génétique ou la biologie nous sommes tous responsable de nos actes, comme de nos sentiments. » (5)
Le langage des émotions c’est l’ouverture à la vie intérieure, une sensation « qui vient signaler les évènements qui sont signifiants pour l’individu et motiver les comportements permettant ainsi de les gérer » (6). Alors nos peurs serons canalisées et les évènements de notre existence serons vécus plus sereinement.
C’est l’accès à l’intelligence du cœur, là où fleurie la Rose sur la croix.
Alors courage ravivons la flamme de notre confiance en celui qui est le seul à nous comprendre et nous connaître, essayons encore et encore, tous les fruits sur l’arbre ne murissent pas en même temps.
(1) Sédir, Mystique Chrétienne, p. 117, Amitiés Spirituelles, 1984.
(2) Ibid, p. 118.
(3) Le Robert, Dictionnaire historique de la langue Française.
(4) Isabelle Filliozat, l’Intelligence du cœur.
(5) Isabelle Filliozat, op. cit.
(6) Isabelle Filliozat, op. cit.
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