par André Savoret
Bergers, par un minuit d’il y a très longtemps,
virent dans une gloire une cohorte d’anges
auréoler l’étable où le divin Enfant,
entre l’âne et le bœuf, souriait dans ses langes.
Lors, Mages s’en venaient de Suse, d’Ecbatane
et des âpres plateaux par l’Oxus arrosés...
L’Étoile précédait leur lente caravane
en quête du sauveur, jadis prophétisé.
virent dans une gloire une cohorte d’anges
auréoler l’étable où le divin Enfant,
entre l’âne et le bœuf, souriait dans ses langes.
Lors, Mages s’en venaient de Suse, d’Ecbatane
et des âpres plateaux par l’Oxus arrosés...
L’Étoile précédait leur lente caravane
en quête du sauveur, jadis prophétisé.
Ce siècle a ses bergers et ses orgueilleux mages,
– bergers meneurs de loups, mages inquiétants, –
l’étoile qui les guide en leurs vagabondages
n’est celle qui parût il y a deux mille ans.
Pharisiens subtils et tribuns arrogants
vont, bavardant de paix dans un fier fracas d’armes,
quand le troupeau, gavé de mille-et-un slogans,
rêve de « lendemains qui chantent »... leurs larmes !
Oui, nous avons aussi nos bergers et nos mages
dont l’étoile pourrait se nommer Lucifer
car le Maître à qui vont leurs intimes hommages
n’est certes point l’Enfant de nos Noëls d’hier !
Mage ne suis, Seigneur, et je n’ai pour offrande
ni l’encens du Yémen, ni l’or vanté d’Ophir...
J’ai seulement ce cœur, chrétien de contrebande,
qui sait mal Vous aimer et plus mal Vous servir.
Mais Vous l’aimez, ce cœur, qui Vous fut souvent traître :
agréez-en le don, Seigneur, en ce Noël,
car malgré ses écarts, il a choisi son Maître,
– et c’est l’essentiel !
1970
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