par Rubys Botréas
L’Évangile de Jean c’est le regard de l’aigle qui scrute l’infini. Le Verbe donne à ceux qui reçoivent sa Vérité de devenir enfant de Dieu. Ceux-là ne naissent pas de la chair, ni d’une volonté d’homme, mais adhèrent à sa Vérité, pleine de grâce et de miséricorde.
Le germe de cette vérité existe en chacun de nous pour rendre à l’homme son esprit de filiation. Il attend patiemment la reconnaissance par notre entendement pour nous aider à trouver le chemin de la vie.
Si tel est le cas, c’est qu’il existe en nous un lieu de paix et de bien être. Ce n’est pas à l’extérieur que nous devons aller chercher cet apaisement, mais en soi, derrière cette nuée qui cache le sanctuaire.
L’écoute de soi conduit à une meilleure écoute de l’autre. Je vois là un double sens, celui qui est en soi est aussi en l’autre, ce qui me mène à penser qu’on ne peut comprendre autrui si on n’apprend pas à se connaître soi-même. Cette comme-union, nous place directement devant le Père, source originelle de tout être humain.
« Il y a dans le monde quelque chose qui n’est pas de ce monde, comme il y a en l’homme quelque chose qui n’est pas de l’homme ! S’il n’y avait pas cette présence incréée, il n’y aurait pas de salut à la vie humaine. » (1)
À tous ceux qui l’accueillent, cette vérité les prépare pour devenir enfant de Dieu. Accepter ce raisonnement me prédispose à me débarrasser de mes idées reçues, de mes idées préconçues, trop souvent sournoises, de mes préjugés à l’esprit restrictif, qui n’ont d’autres buts que de m’enfermer dans un parti pris stupide, qui me rend aveugle et sourd à la parcelle de vérité que je suis susceptible de recevoir. Cette étincelle se manifeste par intermittence, vers une vérité infiniment plus haute, plus vaste qui nous contient dans son jaillissement.
Admettre qu’il peut y avoir une façon plus intime, plus personnelle pour aller au Dieu vivant devient une réalité.
Aujourd’hui plus qu’hier, 2000 ans de germination de la graine que Jésus-Christ est venu semer, constitue une réserve de nourriture pour l’esprit humain qui a faim et soif de Vérité.
Grâce à la maturation libératrice que ce désir procure, l’être tout entier s’éveille sans cesse pour sortir de l’oubli.
Oui, cette vérité là m’affranchit du dogme et du rituel, sans l’ombre d’un doute ou d’un intermédiaire.
Je peux l’appréhender à la mesure de ce qu’elle m’offre avec justesse. Il ne s’agit pas d’idolâtrer cette vérité dans ma personne, mais plutôt d’essayer d’en saisir comment elle peut orienter ma vie dans sa plénitude. Cette vérité m’affranchit de l’idolâtrie spirituelle qui consiste à enfermer Dieu dans un lieu, dans un dogme ou dans une forme de pensée restrictive.
Dieu est Esprit, on ne sait ni d’où il vient, ni ou il va. Ce que le Père attend de nous c’est que nous l’aimions en esprit et en vérité.
« La Vérité vous affranchira » : cette citation nous conduit aux limites de la raison, elle nous encourage à franchir les obstacles de notre ignorance. Elle pousse notre intelligence à s’ouvrir à l’intelligence créatrice.
La Vérité absolue appartient à l’infini, je ne peux même pas l’imaginer, mais je suis convaincu que le fini ne peut exister sans une parcelle d’infini.
Voici ce qu’écrit Sédir : « Le domaine de la Vérité, c’est l’amour et l’action ; lorsqu’il sera nécessaire, l’Esprit de Vérité nous apprendra tout en un clin d’œil et si nous vivons la vérité du cœur, la vérité des actes, la vérité de l’intelligence nous sera gratuitement offerte. » (2)
Voilà pourquoi aujourd’hui, je suis plus attentif à cette présence qui fait battre mon cœur. Cette idée seule me conforte et me guide plus justement chaque jour, vers ce lieu de rencontre qui fortifie ma vie.
(1) Leloup, Jean Yves, L’Évangile de Jean, Albin Michel.
(2) Sédir, Le Sermon sur la montagne, pp 24-25.
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