par Marane
Il y a toujours eu à l’intérieur des religions, la possibilité d’accéder à des vérités normalement cachées aux profanes. Dans des lieux particuliers, sous le sceau du secret le plus absolu, étaient dévoilés les mystères du divin, comme par exemple en Égypte ou en Grèce. Ces mystères dévoilaient en substance, après moult préparations de l’impétrant sélectionné, le caractère unique de l’essence divine. Cette voie initiatique était réservée à un petit nombre d’individus (1) qui en faisaient la demande, sévèrement sélectionnés après différentes épreuves qui vérifiaient leur aptitude à recevoir ce grand secret. Ceux qui étaient retenus, recevaient alors un enseignement qui leur révélaient les mystères les plus profonds concernant le divin et le caractère unique de Dieu. Ces connaissances ésotériques se démarquaient totalement du message délivré par la religion exotérique qui faisait la part belle au polythéisme. C’est pour cela que le secret le plus absolu était demandé aux initiés afin de ne pas jeter le trouble parmi les fidèles que l’on estimait plus aptes à recevoir les mystères sous la forme du merveilleux et de la magie (2). En Égypte, un pharaon, Aménophis IV a osé enfreindre cette loi du secret, il a dévoilé ce qui était gardé jalousement par les prêtres (3) au pouvoir ; il a révélé au grand jour le mystère d’Aton mettant en lumière ce qui est une des premières manifestations externes du Dieu unique. Il a changé de nom et s’est appelé désormais Akenaton (qui est dans Aton) et a commencé une réforme religieuse qui n’a duré que le temps de son règne car les prêtres d’Amon eurent tôt fait de récupérer leur pouvoir perdu.
La venue du Christ a révolutionné profondément toutes les écoles de la connaissance et de la recherche du Dieu unique (4). Ce qui était réservé à une élite, ce qui était caché au commun des mortels, voilà que le Christ le révèle à tous sans distinction, sans magie et sans artifices particuliers. Il n’est plus nécessaire de subir de longs entraînements ascétiques et d’attendre souvent en vain, avant d’être remarqué et sélectionné. Avec l’arrivée du Christ, une formidable révolution est en marche, la possibilité à tout un chacun de pénétrer dans l’intimité du mystère de Dieu. Son enseignement est ouvert à tous. Il n’est pas nécessaire d’avoir telle ou telle qualité, d’avoir suivi des enseignements longs et difficiles, il suffit seulement d’être un homme (ou une femme) de bonne volonté. Nous pouvons tous, si nous le désirons, si nous sentons cet appel intérieur en nous, suivre cette voie qui ne requiert aucune compétence particulière.
Nous voici, au milieu d’un monde où semble ne régner ni foi ni loi, où notre existence semble être à la merci d’évènements hors de notre contrôle. Un monde où règne le mal, la souffrance, l’injustice, tout cela nous est familier.
Que faisons-nous dans ce monde dans lequel nous sommes immergés et où, semble-t-il, nous avons tout oublié en passant le fleuve de l’oubli ? Sommes-nous ici-bas par hasard, ou est-ce de notre plein gré ? Pascal en son siècle s’interroge : « Qui m’y a mis ? Par l’ordre et la conduite de qui, ce lieu et ce temps ont été destiné à moi ? »
Au cœur de nos interrogations vient un moment, où malgré notre désespérance, ou peut-être grâce à elle, nous émergeons vers une prise de conscience qui nous demande de donner du sens à notre vie. Alors nous pouvons sentir au fond de nous, un appel véridique qui désire ardemment aller vers la Vie, celle qui reste vivante, au-delà de cette mort qui clôture nos courtes existences sur terre.
Effectivement, nous semblons être de passage sur cette terre et pour y faire quoi ?
Soit il n’y a rien, et alors, c’est inutile que je poursuive. Mais est-ce bien ce qu’il y a au fond de moi, si j’essaie d’aller au-delà du mental et de l’intellect ?
Soit, si j’écoute et vais dans le sens que me révèle mon intériorité, il y a quelque chose et cette chose a du sens. Et si cette chose était ce petit lumignon dont nous sommes tous porteurs, mais que certains ont négligé, pour aller vers le néon de la modernité extérieure ? Et si ce petit lumignon, cette lanterne que porte l’Hermitte (arcane IX du Tarot) avait pour mission d’éclairer ce monde des ténèbres ? De nous diriger là où nous avons à aller pour accomplir véritablement ce dont nous sommes porteurs, aller porter la lumière dans les ténèbres.
Et si notre rôle consistait justement à être ce petit lumignon, porteur de lumière ? Être-là, présent, comme Celui qui nous a dit : « Je suis la lumière qui luit au milieu des ténèbres ». Comment faire en sorte que ce petit lumignon ne s’éteigne pas, qu’il soit toujours là, au bon moment, quand tout désespère en l’homme ?
Être-là, présent, juste pour témoigner de cette lumière, c’est ce que le Christ dévoile à tous, sans mystères, sans artifices, voilà la véritable initiation, à notre portée, cette lumière à laquelle tous les êtres créés aspirent, le minéral, le végétal, tout comme les hommes, même si certains de ces derniers ont pu l’oublier.
(1) L’initiation était ouverte à tous, y compris aux esclaves.
(2) Les prêtres d’Amon, faisaient parler la statue en or qui représentait Amon une fois par an, à grands renforts d’actes magico-religieux pour frapper le peuple.
(3) Prêtres d’Amon qui détenaient le monopole absolu de l’accès aux connaissances ésotériques.
(4) La religion juive apprivoise la notion du Dieu unique, mais dit qu’on ne peut pas le nommer.
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